C’est une avancée majeure pour l’écosystème de la maison connectée : Matter 1.5 introduit enfin une prise en charge native des caméras.
Après des années de fragmentation, de dépendances propriétaires et d’intégrations limitées, le standard open source s’attaque au dernier bastion qui empêchait une vraie interopérabilité.
Les caméras deviennent (enfin) un périphérique Matter à part entière
Jusqu’ici, Matter brillait par son ambition, mais butait sur un secteur crucial : la vidéo. Désormais, les développeurs peuvent créer et certifier des caméras compatibles Matter fonctionnant sur n’importe quel écosystème supporté — Google Home, Apple Home, Alexa, SmartThings, etc.
Sonnettes connectées, caméras intérieures, modules extérieurs, babycams : la portée du standard est extrêmement large, quel que soit le type d’appareil ou le mode de connexion (Wi-Fi, Ethernet, PoE). Une première.
Pour les utilisateurs, cela signifie une chose très simple : choisir la caméra de son choix ne vous enfermera plus dans un seul environnement logiciel.
WebRTC, multi-stream, zones de confidentialité : un socle moderne
Sur le plan technique, Matter 1.5 repose sur WebRTC pour la vidéo et l’audio en direct — la même technologie utilisée dans la visioconférence moderne. Avantage :
- flux bidirectionnels,
- accès local ou distant standardisé,
- latence réduite,
- sécurité intégrée.
Les fabricants peuvent aussi gérer :
- le multi-stream,
- le pan-tilt-zoom,
- les zones de détection,
- les zones de confidentialité.
Bref, tous les éléments clés d’une caméra moderne, mais enfin dans un cadre commun.
Une compatibilité rétroactive… dépendante des constructeurs
Bonne nouvelle : la spécification inclut un mécanisme prévu pour prendre en charge de nombreux modèles déjà existants. Mauvaise nouvelle : c’est le fabricant qui décide d’activer (ou non) cette compatibilité via une mise à jour.
Aucun calendrier global, aucune obligation. L’histoire montre que certains acteurs joueront le jeu… et d’autres beaucoup moins.
Ce que Matter ne fait pas (encore)
Malgré ce bond en avant, plusieurs limites demeurent :
- Pas de gestion du stockage vidéo : cela reste assuré par les clouds propriétaires (Ring, Arlo, Eufy…) ou les plateformes locales.
- Pas de reprise des clips vidéo : le standard ne gère que le direct ; les archives passent par les apps du constructeur.
- Pas d’analyse intelligente embarquée : reconnaissance de personne, détection d’animaux, filtrage d’événements… tout cela reste exclusif au logiciel propriétaire.
En clair : Matter 1.5 unifie l’accès, mais pas encore « l’intelligence » des caméras.
Un gain de performance grâce au support complet du TCP
Pour accompagner l’arrivée de la vidéo, Matter 1.5 ajoute un support étendu du transport TCP. Cette amélioration permet d’assurer des flux plus stables, des transferts lourds plus fiables, des mises à jour de firmware plus rapides, la gestion d’assets riches comme les images.
Une évolution technique qui dépasse le seul cas des caméras et prépare le terrain à des appareils plus exigeants.
Une étape clé vers une smart home réellement ouverte
Matter 1.5 ne résout pas tout, mais règle l’un des plus grands manques du standard. Pour la première fois, les utilisateurs peuvent envisager une maison connectée où les caméras s’intègrent aussi naturellement que les ampoules, les serrures ou les capteurs.
Un pas important vers l’universalité — et pour beaucoup, une bonne raison de reconsidérer l’architecture de leur smart home.






















