Huawei franchit un cap important dans sa quête d’indépendance technologique : la marque chinoise vient de présenter son tout premier ordinateur portable équipé nativement de HarmonyOS, son système d’exploitation maison.
Une étape stratégique dans un contexte géopolitique complexe où les sanctions américaines ont poussé Huawei à réinventer son approche logicielle… de force, mais avec ambition.
L’histoire derrière HarmonyOS n’est pas anodine. Huawei a été contraint de se tourner vers un OS interne après avoir été banni des services de Google (Android, Play Store…) puis de Microsoft (Windows). Résultat : plus d’accès officiel aux deux piliers logiciels du marché mondial.
Plutôt que de se résigner, Huawei a décidé de développer sa propre alternative, avec un objectif clair : maîtriser à 100 % la chaîne hardware + software.
HarmonyOS évolue… et s’émancipe d’Android
Si les premières versions de HarmonyOS n’étaient que de simples surcouches Android, la version 2025 pour PC marque une rupture nette. Huawei intègre désormais son propre noyau, une interface utilisateur entièrement redessinée, et des fonctionnalités exclusives.
Le système se rapproche visuellement de macOS ou Windows avec :
- une barre des tâches et un dock d’applications en bas de l’écran,
- la possibilité de multitâche via des fenêtres redimensionnables,
- une navigation fluide pensée pour les écrans tactiles comme pour le clavier/souris.
L’IA Celia au cœur de l’expérience HarmonyOS
Sans surprise en 2025, l’intelligence artificielle est omniprésente dans cette nouvelle version du système. Huawei mise beaucoup sur Celia, son assistante intelligente, capable de : résumer des documents longs en quelques secondes, générer des diapositives de présentation à partir de textes bruts, et interagir avec les applications via des commandes vocales avancées.
Une manière pour Huawei de se positionner dans la course à l’IA face à Copilot (Microsoft) ou Gemini (Google), en proposant une solution intégrée et souveraine.
Un écosystème logiciel encore limité, mais ciblé
La grande limite reste, pour l’instant, l’absence de compatibilité avec les applications Windows. Huawei annonce toutefois que plus de 2 000 applications sont déjà compatibles, dont :
- WPS Office, alternative chinoise à Microsoft Office,
- des applications de réseaux sociaux locaux comme WeChat ou Weibo,
- et plusieurs outils professionnels du marché chinois.
L’objectif est clair : viser en priorité le marché intérieur chinois, où les alternatives aux logiciels américains sont déjà bien implantées.
Les utilisateurs Windows ne sont pas (encore) concernés
Pour ceux qui possèdent déjà un ordinateur portable Huawei sous Windows, pas de panique : le constructeur a confirmé que le support de Windows reste actif sur les modèles existants. HarmonyOS ne sera préinstallé que sur les nouvelles générations de PC Huawei.
Avec ce lancement, Huawei ne se contente plus de créer un smartphone sans Google : il s’attaque directement à l’hégémonie de Windows sur le marché du PC. Un pari ambitieux qui reflète une volonté croissante d’indépendance technologique face aux pressions internationales.
HarmonyOS pour PC est encore jeune, limité en compatibilité, mais c’est une brique essentielle pour bâtir une informatique « made in China ». Reste à voir si Huawei parviendra à convaincre au-delà de ses frontières.