Après plusieurs mois de réflexion sur une transformation de son modèle de gouvernance, OpenAI annonce officiellement qu’elle renonce à sortir de son statut hybride pour adopter une structure plus cohérente avec sa mission d’origine.
L’organisation, qui développe certaines des intelligences artificielles les plus avancées au monde, restera supervisée par son conseil d’administration à but non lucratif, mettant fin à son projet de devenir une entreprise entièrement à but lucratif.
OpenAI : Une pression réglementaire décisive
C’est dans un article publié le lundi 5 mai 2025 que Bret Taylor, président du conseil d’administration d’OpenAI, a officialisé la décision. Celle-ci intervient après des discussions avec les procureurs généraux des États de Californie et du Delaware, qui ont juridiction sur les statuts de la structure à but non lucratif.
Des voix civiles et politiques se sont également élevées, craignant qu’un changement de statut ne compromette la mission fondatrice d’OpenAI.
Un changement de structure sans changement de mission
OpenAI conserve donc sa structure actuelle où un organisme non lucratif contrôle une entité commerciale, mais avec une évolution importante : l’entité commerciale ne sera plus une LLC (Limited Liability Company) mais deviendra une Public Benefit Corporation (PBC) — une société à mission.
Ce que cela change :
- Plus de plafonnement des rendements pour les investisseurs : contrairement au système initial qui limitait les profits à un retour sur investissement x100, les actionnaires posséderont désormais des actions classiques sans limitation de gain.
- La mission reste inchangée : le PBC sera toujours contrôlé par l’organisation à but non lucratif et devra répondre à des objectifs d’intérêt public.
Sam Altman : « Nous voulons construire une intelligence pour tous »
Dans un mémo adressé aux employés, Sam Altman, PDG d’OpenAI, revient sur l’évolution du projet depuis sa création :
Nous avons commencé autour d’une table de cuisine, sans savoir exactement quoi faire. Aujourd’hui, nous voyons comment l’AGI peut être l’outil le plus puissant jamais conçu pour autonomiser chacun.
Altman insiste sur la nécessité de démocratiser l’accès à l’intelligence artificielle :
- Mettre des outils puissants entre les mains de tous
- Ouvrir le code source de certains modèles
- Permettre aux utilisateurs de choisir les comportements de ChatGPT selon leurs préférences éthiques
Il évoque également la pénurie de ressources actuelles : « Nous ne pouvons actuellement pas fournir autant d’IA que le monde en souhaite. Cela limitera notre impact tant que nous n’aurons pas accru nos capacités ».
Une évolution nécessaire pour lever des fonds
Le passage au statut de PBC vise aussi à simplifier la structure juridique pour lever plus facilement des fonds, une nécessité face aux besoins croissants en puissance de calcul pour entraîner les modèles d’IA. OpenAI a levé plusieurs milliards de dollars ces dernières années, notamment via des investissements de Microsoft. L’ancien modèle, trop complexe et peu incitatif, aurait pu freiner les futurs financements.
Un modèle inspiré par d’autres entreprises à mission
OpenAI rejoint un club restreint d’organisations technologiques qui ont choisi de concilier modèle économique et finalité sociétale :
- Anthropic, fondée par d’anciens chercheurs d’OpenAI
- xAI, fondée par Elon Musk
- Patagonia, exemple emblématique dans l’économie durable
Pour une IA au service de l’humanité
Avec ce nouveau modèle, le conseil à but non lucratif devient aussi un grand actionnaire de la PBC, ce qui permettra de réinvestir les bénéfices dans des programmes alignés avec sa mission : santé, éducation, recherche scientifique, accès public aux outils d’IA, etc.
« Créer une AGI est notre brique dans le mur du progrès humain. Nous avons hâte de voir celles que vous ajouterez ensuite », Sam Altman