L’alliance stratégique entre OpenAI et Microsoft, souvent saluée comme l’une des plus fructueuses de l’histoire de la tech, traverse une période de turbulences. En coulisses, les deux géants de l’intelligence artificielle et du cloud computing seraient en désaccord sur plusieurs aspects fondamentaux de leur partenariat.
À tel point que Microsoft menace désormais de rompre les négociations si ses exigences ne sont pas respectées.
Microsoft veut plus qu’un tiers de OpenAI
Selon une enquête du Financial Times, Microsoft cherche à augmenter sa participation dans OpenAI, alors que la startup envisage une transformation structurelle majeure. OpenAI prévoit en effet de passer d’un statut de LLC à but lucratif à celui de Public Benefit Corporation (PBC), un statut hybride visant à équilibrer intérêt public et performance économique.
Mais pour réussir cette transition, OpenAI doit obtenir l’approbation de Microsoft, qui détient déjà environ 49 % des parts économiques via un contrat complexe d’investissement et d’accès exclusif à Azure.
OpenAI serait prête à céder jusqu’à 33 % du capital sous forme d’actions ordinaires, mais Microsoft souhaiterait un contrôle plus étendu. Cette exigence fait monter la tension.
Azure, exclusivités et propriété intellectuelle : les sujets qui fâchent
OpenAI souhaite aussi mettre fin à l’exclusivité Azure, qui impose à ses modèles de tourner exclusivement sur l’infrastructure cloud de Microsoft. Ce verrou pourrait entraver son expansion et sa capacité à signer avec d’autres partenaires stratégiques. Autre point litigieux : OpenAI exige que Microsoft renonce à certains droits de propriété intellectuelle liés au projet Windsurf, une technologie au cœur de son architecture de production.
Ces demandes visent à renforcer l’indépendance d’OpenAI et à faciliter de nouvelles levées de fonds. Toutefois, Microsoft entend sécuriser ses investissements à long terme en imposant la reconduction de son accord commercial actuel jusqu’en 2030.
OpenAI a envisagé une plainte pour pratiques anticoncurrentielles
Selon The Wall Street Journal, OpenAI aurait même envisagé de porter plainte contre Microsoft pour comportement anticoncurrentiel, ou de demander une révision fédérale des termes de leur accord. Ce scénario, encore évité, illustre la profondeur des désaccords. Une plainte officielle exposerait leur partenariat à un examen réglementaire majeur des autorités antitrust américaines.
Malgré ces tensions, les deux entreprises ont publié une déclaration conjointe à visée rassurante : « Nous avons un partenariat productif de long terme qui a permis de proposer des outils d’IA exceptionnels à tous. Les discussions sont en cours, et nous restons optimistes quant à l’avenir de notre collaboration. ».
Cependant, les enjeux financiers et stratégiques sont tels que la rupture reste une hypothèse plausible si aucun terrain d’entente n’est trouvé.
Vers un divorce à l’amiable ou une nouvelle ère ?
L’issue de ce bras de fer pourrait redéfinir l’avenir de l’IA commerciale. Microsoft, moteur financier et technologique d’OpenAI, veut consolider son emprise, tandis qu’OpenAI cherche à reprendre la main sur son avenir. Ce conflit met en lumière les limites du modèle hybride d’OpenAI, tiraillé entre mission éthique et impératifs de croissance.
Si un compromis n’est pas trouvé d’ici la fin 2025, c’est l’équilibre même de l’écosystème IA qui pourrait en être affecté.