La Chine est en passe de devenir le plus grand marché au monde pour l’IA, mais le conflit technologique entre les États-Unis et la Chine continue de redessiner les forces en présence. Dernier rebondissement : Huawei reporte la production de son nouvel accélérateur IA, le Ascend 910C, tandis que Nvidia lance une contre-offensive stratégique avec une nouvelle puce taillée sur mesure pour le marché chinois.
Depuis que les États-Unis interdisent à Nvidia de vendre ses puces IA les plus avancées en Chine, Huawei a pris l’ascendant sur le marché local. Incapable de rivaliser directement à l’international, la firme chinoise s’est concentrée sur son territoire, où elle commercialise ses propres accélérateurs IA de la gamme Ascend, avec un succès croissant dans les infrastructures cloud, les data centers et les projets de villes intelligentes.
Mais ce quasi-monopole pourrait être de courte durée.
Nvidia contre-attaque avec la puce B40 basée sur Blackwell
Face à cette situation, Nvidia réagit avec agilité. En contournant les restrictions à l’exportation américaines, le géant des GPU va démarrer ce mois-ci la production de la B40, une puce IA basée sur la toute dernière architecture Blackwell, spécifiquement conçue pour respecter les limites imposées par le département du commerce américain tout en conservant des performances exploitables pour l’IA.
Cela permettra à Nvidia de revenir sur le marché chinois sans enfreindre les sanctions, tout en répondant à la demande des géants technologiques chinois, qui imposent désormais aux fournisseurs de ne vendre que des produits en stock, sous peine de voir les commandes annulées.
Huawei reporte le Ascend 910C à fin 2025
De son côté, Huawei traverse des turbulences. Selon le leaker @Jukanlosreve, la production en masse de son accélérateur IA Ascend 910C, initialement prévue pour mi-2025, est désormais repoussée à la fin de l’année, pour des raisons techniques non précisées.
En parallèle, ses concurrents chinois peinent également à livrer, leurs propres puces étant encore en développement ou hors stock. Une aubaine pour Nvidia, qui pourrait tirer parti de ce trou d’air industriel pour reprendre des parts de marché dès cette année.
Deux visions technologiques, deux processus de fabrication
La comparaison des processus de gravure est révélatrice des écarts technologiques :
- Le Huawei Ascend 910C sera fabriqué par SMIC, le fondeur chinois, en 7 nm N+2, une version améliorée mais toujours limitée par les sanctions.
- En face, la puce H20 de Nvidia — destinée initialement au marché chinois mais aujourd’hui interdite — est fabriquée par TSMC en 4 nm (4N), un procédé plus avancé, offrant une meilleure efficacité énergétique et des performances accrues.
Même si la B40 ne sera pas aussi puissante que les modèles H100 ou H200 de Nvidia, elle pourrait suffire à séduire des entreprises chinoises pressées d’adopter des solutions viables et livrables immédiatement.
Pourquoi les GPU dominent l’IA ?
Les accélérateurs IA s’appuient principalement sur des GPU, capables de traiter des milliers de tâches en parallèle grâce à leur architecture de calcul massivement parallèle. Contrairement aux CPU, qui fonctionnent de manière séquentielle, les GPU offrent une meilleure efficacité pour les tâches de machine learning, de deep learning et d’analyse de données massives.
C’est précisément cette capacité qui fait de Nvidia le leader incontesté dans le domaine… à condition de pouvoir livrer ses produits.
La rivalité entre Huawei et Nvidia en Chine dépasse le simple cadre technologique. Elle est le reflet d’un conflit économique global, où chaque acteur tente de préserver ou d’étendre son influence. La B40 pourrait redonner à Nvidia une fenêtre d’opportunité en Chine, mais Huawei n’a pas dit son dernier mot, et son Ascend 910C pourrait marquer une nouvelle étape si les délais sont tenus.
En attendant, le marché chinois reste le terrain d’une bataille féroce entre innovation, réglementation et diplomatie.