Dans l’univers naissant des bagues connectées, un acteur domine largement la conversation : Oura. Mais à mesure que les géants de l’électronique — Samsung en tête — s’invitent sur ce marché encore jeune, la marque finlandaise sort les griffes. Et, la bataille prend désormais une tournure juridique frontale.
Oura vient d’annoncer une nouvelle salve de poursuites visant quatre marques : Zepp Health, Reebok, Nexxbase (Noise)… et surtout Samsung, dont la Galaxy Ring n’est même pas encore pleinement déployé sur tous les marchés.
Le message est clair : pour Oura, la propriété intellectuelle est devenue une arme stratégique.
Une plainte centrée sur… la façon même de construire une bague connectée
Dans ces nouvelles poursuites, Oura affirme que les concurrents reprennent une partie clé de son brevet : la méthode d’assemblage d’une bague connectée, avec batterie, capteurs biométriques et circuit imprimé flexible insérés entre les coquilles interne et externe.
Autrement dit : Oura estime détenir les droits sur le design structurel « standard » d’un smart ring.
Difficile de nier les similitudes : que l’on compare la Oura Ring à la Galaxy Ring ou à n’importe quelle alternative, l’architecture interne reste quasi identique par nature. Mais, c’est précisément ce caractère générique que de nombreux experts jugent… trop large pour être breveté.
Oura a déjà gagné des batailles — mais Samsung n’est pas un petit concurrent
Ce n’est pas la première fois que Oura joue la carte juridique. Circular, Ringconn ou OMATE ont déjà accepté de payer une licence pour continuer d’opérer. Pour Oura, c’est « la voie évidente » pour les nouveaux mis en cause.
Mais Samsung, elle, est dans une position très différente. Le géant coréen avait même attaqué Oura en 2024, estimant qu’un tel comportement menaçait directement sa future Galaxy Ring. Une plainte rejetée, faute d’être « ciblé » par Oura.
Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Oura vise Samsung explicitement — et Samsung a les moyens financiers, juridiques et stratégiques pour aller au bout de la confrontation.
Des brevets trop génériques pour tenir face aux poids lourds ?
C’est le cœur du débat. Les brevets d’Oura cherchent à protéger un format circulaire, une batterie interne, des capteurs biométriques au doigt, et un circuit flexible dans une coque en deux parties. En d’autres termes : le principe même d’une montre connectée fonctionnelle.
Des analystes ont déjà critiqué cette approche en la comparant à « breveter le concept d’un smartphone rectangulaire avec une batterie ». Si Samsung pousse l’argument au tribunal, le procès pourrait faire jurisprudence — et redessiner le secteur.
Pour Samsung, l’enjeu est colossal : la montre connectée est appelée à devenir la prochaine catégorie wearable stratégique après les montres connectées.
Et les autres marques visées ?
Pour Zepp, Reebok et Noise, le calcul sera plus pragmatique : le coût d’une licence est-il inférieur au risque d’un bannissement pur et simple du marché américain ? L’histoire récente montre que Oura sait utiliser l’ITC (International Trade Commission) comme levier puissant : l’exemple d’Ultrahuman, actuellement en pleine procédure d’appel, reste dans toutes les têtes.
Ce conflit dépasse largement Oura et Samsung. Il pose la question fondamentale : peut-on réellement breveter la structure d’un produit aussi simple qu’une bague connectée ?
Si Oura gagne, elle s’assure un contrôle quasi total sur le marché pendant plusieurs années. Si Samsung l’emporte, le secteur entier s’ouvrira à la concurrence — accélérant développement, innovation et baisse de prix.
Dans un marché en pleine explosion, cette affaire pourrait devenir le procès fondateur de la catégorie.



