Six ans après le lancement du Valve Index et de Half-Life : Alyx, Valve revient enfin dans la course à la réalité virtuelle. Son nouveau casque, baptisé Steam Frame, signe un virage majeur : autonome, sans fil, et capable de faire tourner des jeux Steam en local via SteamOS ou en streaming depuis un PC.
Steam Frame: Une fiche technique ambitieuse
Le Steam Frame repose sur un Snapdragon 8 Gen 3, épaulé par 16 Go de RAM, et propose deux options de stockage interne (256 Go ou 1 To), extensibles via microSD.
Côté affichage, chaque œil profite d’une dalle 2160 × 2160 pixels, avec un champ de vision allant jusqu’à 110° et un taux de rafraîchissement jusqu’à 144 Hz — soit un niveau équivalent, voire supérieur, au Meta Quest 3.
Valve promet « une expérience SteamOS complète en réalité virtuelle comme sur PC », tout en permettant le jeu traditionnel en mode 2D via l’interface Steam classique.
Plus léger et modulaire
Le casque affiche 440 grammes sur la balance, soit 75 g de moins que le Quest 3. Son « core » central — le module contenant les composants clés, comme le processeur, les capteurs et le système de refroidissement — ne pèse que 185 g, et il a été conçu pour être modulaire.
Valve précise que cette conception permettra à d’autres fabricants de concevoir leurs propres variantes, en modifiant la batterie, le bandeau ou les haut-parleurs.
Une interface PCIe Gen 4 frontale offre même un port d’extension pour connecter des accessoires (comme des caméras de passthrough en couleur, par exemple).
Des contrôleurs repensés, sans base stations
Adieu les stations externes encombrantes : le Steam Frame utilise un système de suivi inside-out, grâce à plusieurs caméras intégrées qui suivent les contrôleurs dans l’espace.
Les nouvelles manettes — plus proches des Meta Touch — disposent de :
- Capteurs de mouvement pour le suivi des mains,
- Retour haptique détaillé,
- Sticks analogiques et boutons standard,
- Et une compatibilité complète avec les jeux Steam grâce à Steam Input.
En revanche, les anciens contrôleurs SteamVR du Valve Index ne seront pas compatibles.
Le tout sans câble — mais avec streaming optimisé
Valve fait le pari du tout sans fil. Le Steam Frame se connecte à votre PC via un adaptateur Wi-Fi 6E 6 GHz dédié, et s’appuie sur une nouvelle technologie baptisée Foveated Streaming. Cette technique envoie la meilleure qualité d’image uniquement là où vos yeux regardent, réduisant la charge de données et améliorant la réactivité.
« Nous avons conçu un protocole de streaming à très faible latence avec un canal radio dédié uniquement au flux vidéo », explique Jeremy Selan, ingénieur chez Valve.
Le casque intègre une batterie de 21,6 Wh, dont l’autonomie variera fortement selon les jeux et le mode utilisé. Valve précise aussi qu’aucune connexion filaire n’est prévue — pas même en option. L’entreprise préfère se concentrer sur « une expérience sans fil robuste et fluide ».
SteamOS à bord : autonomie et écosystème Steam
Le Steam Frame tourne sous SteamOS, le système basé sur Linux déjà utilisé par le Steam Deck.
Cela signifie :
- Accès direct à toute votre bibliothèque Steam,
- Sauvegardes cloud,
- Fonction suspend/reprise instantanée,
- Et compatibilité complète avec Proton, le système qui permet de faire tourner les jeux Windows sur Linux.
Le casque pourra donc lancer directement des jeux SteamVR, mais aussi des jeux PC non VR en mode « écran géant virtuel », sans passer par un PC externe.
Un retour mesuré dans un marché en mutation
Depuis 2020, le marché VR s’est recentré autour de Meta et, plus récemment, d’Apple avec le Vision Pro. Valve, de son côté, cible un public plus restreint, mais passionné : les joueurs PC qui veulent de la VR complète, ouverte et performante, sans être dépendants d’un écosystème fermé.
La philosophie du Steam Frame s’inscrit d’ailleurs dans la continuité du Steam Deck : matériel modulaire, compatibilité maximale, ouverture logicielle.
Un retour réfléchi, axé sur la liberté

Avec le Steam Frame, Valve semble tirer les leçons de ses précédents échecs. Fini la dépendance au PC et aux capteurs externes : le nouveau casque promet une VR autonome, modulaire et ouverte, fidèle à la philosophie PC.
Reste à connaître le prix et la durée d’autonomie réelle, deux paramètres cruciaux pour séduire au-delà du cercle des passionnés. Mais une chose est claire : Valve n’a pas dit son dernier mot dans la réalité virtuelle, et son approche pourrait bien relancer l’intérêt pour une VR « à la Steam » — performante, libre et sans compromis.









