Le PDG, président et cofondateur de Nvidia, Jensen Huang, tire la sonnette d’alarme : selon lui, la Chine n’est qu’à « quelques nanosecondes » de retard sur les États-Unis dans le développement des puces d’intelligence artificielle (IA).
Une déclaration choc, qui ne rassure ni les fabricants américains comme AMD ni même Nvidia elle-même. Car, malgré les sanctions américaines, la Chine est en train de combler rapidement l’écart technologique.
Huawei reprend la tête du marché chinois des accélérateurs d’IA
Malgré les obstacles, Huawei a réussi un retour spectaculaire sur le marché des semi-conducteurs. Ses processeurs Ascend 910B sont aujourd’hui considérés comme les accélérateurs d’IA les plus performants produits en Chine.
À l’origine, les États-Unis avaient interdit à Nvidia de vendre ses GPU en Chine. Mais, cette décision s’est retournée contre Washington : le vide laissé par Nvidia a permis à Huawei de gagner des parts de marché.
L’administration américaine a fini par revoir sa position cet été, autorisant Nvidia à livrer ses puces H20 en Chine — des modèles bridés, moins puissants que les H100 et H200, mais suffisants pour maintenir une présence commerciale.
Nvidia, CUDA et la bataille des écosystèmes
Une des forces majeures de Nvidia reste sa plateforme CUDA (Compute Unified Device Architecture), un environnement logiciel permettant d’exploiter la puissance de calcul parallèle des GPU.
Mais du côté chinois, Baidu, Tencent et Alibaba cherchent désormais à s’émanciper de CUDA. Ces géants développent des alternatives locales afin de bâtir un écosystème d’IA indépendant, sans dépendre de technologies américaines.
Jensen Huang, dans ses récentes déclarations, s’inquiète de cette tendance : « Limiter la Chine pourrait provoquer un effet boomerang économique pour les États-Unis », a-t-il affirmé, plaidant pour une concurrence ouverte plutôt qu’un cloisonnement technologique.
La Chine, un client majeur de Nvidia
Avant les restrictions, la Chine représentait entre 20 % et 25 % des revenus de Nvidia liés aux datacenters. Ces revenus proviennent en grande partie de géants comme ByteDance, Alibaba, Tencent ou Baidu, qui investissent massivement dans l’IA générative et le cloud.
Mais avec les sanctions américaines toujours en place sur les puces les plus avancées, la Chine accélère le développement de ses propres alternatives.
Pékin bénéficie encore de trois avantages clés :
- Un financement massif de l’État dans les semi-conducteurs,
- Une réserve importante de talents en ingénierie,
- Une demande intérieure colossale en IA et en calcul haute performance.
Ces facteurs permettent à la Chine de compenser partiellement son retard technologique, notamment l’impossibilité d’accéder aux machines de lithographie de pointe nécessaires à la fabrication de puces de moins de 5 nm.
Une rivalité technologique de plus en plus serrée
Le duel entre Nvidia et Huawei illustre une réalité plus large : la bataille mondiale pour la suprématie de l’IA se joue désormais autant sur le terrain économique que géopolitique.
Si Huawei parvient à maintenir son rythme d’innovation malgré les sanctions, la Chine pourrait bientôt rivaliser directement avec les États-Unis dans les domaines les plus stratégiques de l’IA — calcul, infrastructures et formation de modèles.



