Malgré des années de sanctions américaines visant à freiner son développement, Huawei continue de surprendre par sa résilience et sa capacité à contourner les restrictions. En effet, chaque tentative de blocage par les États-Unis semble encourager la firme chinoise à innover davantage. L’interdiction de collaborer avec Google a notamment poussé Huawei à créer son propre système d’exploitation mobile, HarmonyOS.
Une lutte acharnée sur le front des semi-conducteurs
Cependant, l’un des plus grands défis pour Huawei reste la fabrication de puces. Depuis 2020, avec le renforcement de la règle américaine dite Foreign Direct Product Rule (FDPR), il est interdit à l’entreprise d’accéder à des puces avancées produites à l’aide de technologies américaines — soit toute puce en dessous du nœud de gravure 10 nm et compatible 5G.
Pourtant, Huawei continue de s’approvisionner en puces 7 nm via SMIC (Semiconductor Manufacturing International Corporation), la plus grande fonderie chinoise.
Mais en raison des sanctions américaines, SMIC ne peut toujours pas obtenir les machines de lithographie ultraviolette extrême (EUV), indispensables à la production de puces 5 nm ou plus petites — un niveau que TSMC et Samsung atteignent déjà avec leurs processus de gravure en 2 nm prévus cette année.
Une stratégie d’autosuffisance technologique
Malgré ces limitations, Huawei ne baisse pas les bras. Des images satellites ont récemment confirmé la construction de trois usines à Shenzhen, supposées dédiées à la fabrication de semi-conducteurs avancés.
Ces sites pourraient produire des processeurs pour smartphones, mais également des puces spécialisées pour l’intelligence artificielle — un domaine où Huawei cherche aussi à rivaliser avec Nvidia.
Selon Dylan Patel de SemiAnalysis, Huawei est engagée dans une stratégie « sans précédent », visant à construire l’intégralité de la chaîne d’approvisionnement pour les puces IA en Chine. L’ambition de Huawei dépasse la simple production de puces : l’entreprise développe aussi les équipements nécessaires à la fabrication, jusqu’aux modèles d’apprentissage IA.
Nvidia, le grand perdant involontaire
La rivalité sino-américaine dans le domaine des semi-conducteurs a également produit des effets contre-productifs pour les États-Unis. L’interdiction faite à Nvidia de vendre son dernier processeur IA H20 en Chine a laissé un vide que Huawei s’est empressée de combler avec ses puces Ascend. D’après Jensen Huang, PDG de Nvidia, la Chine est désormais « très, très proche » des États-Unis dans cette course technologique.
Ce nouvel épisode montre que, malgré les sanctions, Huawei a trouvé des moyens de progresser — en investissant massivement dans la recherche, en bâtissant sa propre infrastructure, et en s’efforçant de faire de la Chine un acteur indépendant sur le marché mondial des puces. Le bras de fer technologique entre la Chine et les États-Unis est loin d’être terminé, mais une chose est sûre : Huawei ne compte pas abandonner.