La course au 2 nanomètre s’intensifie, et Samsung Foundry semble prête à défier la domination de TSMC. Selon un rapport du média sud-coréen New Daily, Samsung Foundry a commencé à livrer à Qualcomm des échantillons de test du Snapdragon 8 Elite Gen 5, fabriqué avec son tout nouveau procédé 2 nm Gate-All-Around (GAA).
Cette initiative pourrait relancer la compétition entre les deux géants de la gravure, Samsung cherchant à séduire Qualcomm avec des tarifs agressifs — au risque de déclencher une guerre des prix dans l’industrie des semi-conducteurs.
Qualcomm envisage à nouveau une double production
Le Snapdragon 8 Elite Gen 5, officialisé lors du Snapdragon Summit de septembre 2025, est déjà en production de masse chez TSMC. Mais le fait que Qualcomm teste également le procédé 2 nm de Samsung montre sa volonté de diversifier sa chaîne d’approvisionnement et de réduire sa dépendance envers un seul fondeur.
Les ingénieurs de Qualcomm vont maintenant analyser les échantillons de Samsung sur plusieurs critères :
- régularité du rendement (yield consistency),
- gestion thermique,
- fiabilité à long terme.
Si les résultats s’avèrent convaincants, une production à plus grande échelle pourrait être lancée à temps pour équiper le Galaxy Z Flip 8 en 2026.
Un retour de confiance pour Samsung Foundry
Ce ne serait pas la première collaboration entre les deux groupes. En 2022, Samsung avait déjà produit le Snapdragon 888 et le Snapdragon 8 Gen 1, mais ces puces avaient souffert de problèmes de rendement et de surchauffe, poussant Qualcomm à revenir vers TSMC.
Depuis, Samsung a stabilisé ses procédés : son Exynos 2500, fabriqué en interne et intégré au Galaxy Z Flip 7, n’a rencontré aucun problème majeur. Et avec les coûts de wafers chez TSMC en hausse de 24 % en un an, le prix plus compétitif de Samsung pourrait séduire Qualcomm.
Si Qualcomm valide le partenariat, le premier Snapdragon gravé en 2 nm pourrait faire ses débuts sur le Galaxy Z Flip 8 dès mi-2026.
Une bataille de rendement et d’innovation
Lors de la fabrication du Snapdragon 8 Gen 1, le rendement de Samsung n’était que de 35 %, contre environ 70 % chez TSMC. Cela signifie que plus de la moitié des puces produites étaient inutilisables, augmentant considérablement les coûts — une situation illustrée par l’analogie suivante : Imaginez une pizza à 12 euros, découpée en 10 parts. Si 4 parts sont brûlées, vous ne pouvez en manger que 6, ce qui fait grimper le prix de chaque part de 1,20 € à 2 €.
Depuis, Samsung Foundry aurait porté son rendement à environ 30 % pour le 2 nm, un progrès encore limité, mais prometteur.
Les puces 2 nm et la technologie GAA
Les nouvelles puces 2 nm reposent sur la technologie Gate-All-Around (GAA), une évolution majeure du FinFET. Là où le FinFET ne couvrait que trois côtés du canal de conduction, le GAA utilise des nanosheets entourant entièrement le canal, ce qui :
- réduit les fuites de courant,
- améliore les performances électriques,
- et accroît l’efficacité énergétique.
Ce saut technologique pourrait permettre à Samsung d’être le premier constructeur à commercialiser un smartphone 2 nm, devançant ainsi Apple, qui détenait jusque-là cette primauté à chaque nouvelle génération (7 nm en 2018, 5 nm en 2020, 3 nm en 2023).
Qui sera le premier smartphone 2 nm ?
Deux scénarios sont envisagés :
- Les Galaxy S26 (hors version Ultra) pourraient être équipés du processeur Exynos 2600 gravé en 2 nm,
- Ou bien le Galaxy Z Flip 8 pourrait adopter une version spéciale du Snapdragon 8 Elite Gen 5 « for Galaxy » produite par Samsung Foundry sur son nœud 2 nm.
Dans les deux cas, Samsung briserait la série d’Apple, qui, depuis 2018, a toujours été la première marque à proposer les puces les plus avancées du marché.
Même si la situation reste « fluide », une coopétition Samsung–TSMC serait bénéfique. En effet, Qualcomm pourrait répartir la production pour limiter les risques, les prix des SoC pourraient être maintenus à un niveau raisonnable, et la vitesse d’innovation s’en trouverait accélérée.
En clair, la bataille du 2 nm ne se jouera pas seulement sur la puissance, mais sur la fiabilité industrielle — un terrain où Samsung veut prouver qu’il est enfin prêt à rivaliser tête à tête avec TSMC.


