Deux semaines après avoir été contraint par la justice américaine de modifier ses règles sur l’App Store, Apple se retrouve de nouveau sous le feu des projecteurs. La raison ? Un avertissement affiché sur certaines applications en Europe qui n’utilisent pas le système de paiement d’Apple, malgré le cadre légal désormais favorable à ce type de pratique dans l’Union européenne.
Un message dissuasif sur l’App Store
Plusieurs utilisateurs européens ont récemment remarqué un avertissement visuel accompagné d’un point d’exclamation rouge sur certaines fiches d’applications dans l’App Store. Le message indique clairement :
Cette application ne prend pas en charge le système de paiement privé et sécurisé de l’App Store. Elle utilise des achats externes.
Une manière à peine voilée de dissuader les utilisateurs de procéder à des achats via ces apps, pourtant rendus légaux par le Digital Markets Act (DMA).
Un rappel… pas une nouveauté, selon Apple
Face à la montée de critiques, notamment sur les réseaux sociaux, Apple a tenu à préciser les choses. Contactée par TechCrunch, l’entreprise a affirmé que cet avertissement n’est pas nouveau, mais fait partie intégrante de son plan de conformité DMA, publié en mars 2024.
Cela signifie que ce message d’alerte n’a aucun lien direct avec la récente décision judiciaire américaine dans l’affaire qui l’oppose à Epic Games, même si le timing alimente naturellement les spéculations.
first time seeing this. Apple will punish the apps with external payment system pic.twitter.com/MBeqi8huW5
— Viktor Maric (@maric_viktor) May 12, 2025
Une capture d’écran qui relance le débat
C’est la publication d’une capture d’écran de l’application Instacar, affichant clairement cet avertissement en haut de sa fiche produit sur l’App Store européen, qui a déclenché la polémique.
Ce signalement a rapidement fait le tour des plateformes sociales, ravivant les inquiétudes quant aux pratiques d’Apple, perçues par certains comme une tentative déguisée de décourager l’utilisation de systèmes de paiement tiers, même si ceux-ci sont désormais autorisés légalement.
Pour rappel, la justice américaine a récemment statué contre Apple, l’obligeant à permettre les liens de paiement tiers dans les applications sans imposer de commission. Une décision majeure qui s’inscrit dans une série de mesures de plus en plus strictes envers les géants de la tech, aux États-Unis comme en Europe.
En Europe, c’est la DMA qui impose à Apple (et aux autres « gardiens ») d’ouvrir leurs écosystèmes aux alternatives : magasins d’applications tiers, systèmes de paiement concurrents, etc.
Une communication ambiguë ?
Même si Apple reste dans le cadre légal, le ton employé dans cet avertissement interroge. En insistant sur le fait que les paiements externes ne sont pas « privés » ou « sécurisés », l’entreprise pourrait influencer négativement les choix des consommateurs. Cela soulève la question de la neutralité d’information sur sa plateforme.
Il faudra voir si la Commission européenne décidera d’enquêter sur ce point, car le DMA prévoit également une obligation de traitement équitable pour les développeurs tiers.
Apple marche sur une ligne de crête entre conformité réglementaire et préservation de ses revenus issus de l’App Store. Et même si le message affiché est conforme à son plan de conformité, la perception publique en Europe pourrait bien se retourner contre elle, d’autant plus dans un climat de défiance croissante envers les pratiques des Big Tech.
À suivre de près dans les prochaines semaines, notamment en cas de nouvelles décisions judiciaires ou d’une réaction de la Commission européenne.