Samsung accélère sa reconquête du silicium. Alors que le Exynos 2600 s’apprête à faire ses débuts dans la gamme Galaxy S26, le constructeur coréen préparerait déjà une rupture bien plus profonde : l’abandon progressif des GPU sous licence AMD au profit d’une architecture graphique entièrement développée en interne.
Un pari industriel qui pourrait redéfinir l’avenir des puces Exynos — et l’équilibre du marché mobile haut de gamme.
Exynos 2600 : la relance passe par le 2 nm
La stratégie démarre dès la prochaine génération. Selon les informations disponibles, la série Galaxy S26 intégrera le nouvel Exynos 2600, gravé en 2 nm, une première mondiale sur smartphone.
Cette puce marque une montée en gamme claire :
- CPU 10 cœurs entièrement repensé
- GPU Xclipse 960, plus performant et plus efficient
- NPU amélioré, taillé pour les usages d’IA embarquée
Samsung cherche ici à combler l’écart historique avec les solutions Snapdragon, tout en reprenant le contrôle de sa feuille de route technologique.
Exynos 2800 : Samsung viserait l’indépendance graphique
Mais, l’ambition va bien au-delà. D’après un rapport du média coréen Hankyung, relayé par Android Authority, Samsung aurait finalisé le développement de sa propre architecture GPU, avec un objectif clair : l’introduire dans le Exynos 2800 attendu en 2027. Si ce calendrier se confirme, la série Galaxy S28 pourrait devenir la première à embarquer un GPU entièrement conçu par Samsung, rompant avec plusieurs années de dépendance aux architectures graphiques d’AMD.
Un choix lourd de sens. Selon le rapport, Samsung considérerait que les GPU sous licence — aussi avancés soient-ils — limitent sa capacité à optimiser finement les performances, en particulier pour l’IA locale et l’intégration logicielle profonde.
IA embarquée et intégration verticale : l’inspiration Apple
Le raisonnement rappelle une stratégie bien connue : celle d’Apple, qui a bâti sa domination sur une intégration verticale extrême entre matériel, logiciel et puces maison.
En développant son propre GPU, Samsung pourrait optimiser les charges IA on-device (vision, langage, agents locaux), ajuster précisément le rapport performance / consommation et synchroniser étroitement GPU, NPU et système Android / One UI
Un levier stratégique clé à l’heure où l’IA devient un argument central de différenciation, bien au-delà des simples benchmarks graphiques.
Bien plus que des smartphones en ligne de mire
Autre élément révélateur : Samsung ne verrait pas ce GPU maison comme une exclusivité mobile. Le rapport évoque des applications potentielles sur des lunettes connectées, des systèmes d’infodivertissement pour véhicules autonomes, voire des robots humanoïdes.
Une approche cohérente avec la vision long terme du groupe, qui cherche à unifier ses briques technologiques à travers ses multiples divisions — mobile, automobile, robotique et électronique grand public.
Une ambition risquée, mais structurante
Rien n’est encore officiel, et le développement d’un GPU maison reste l’un des défis les plus complexes de l’industrie des semi-conducteurs. Les délais peuvent glisser, les performances décevoir, et les coûts exploser. Mais, si Samsung réussit, l’impact serait considérable. Exynos passerait du statut d’alternative régionale à celui de plateforme stratégique globale, capable de rivaliser sur la durée avec les géants du silicium.
Plus qu’une simple évolution technique, ce virage vers un GPU propriétaire pourrait marquer la véritable renaissance d’Exynos — et repositionner Samsung comme l’un des rares acteurs capables de maîtriser l’intégralité de la chaîne, du transistor à l’expérience utilisateur.



