Après trois ans de croissance vertigineuse, ChatGPT entre dans une nouvelle phase de son histoire : la maturité… et le ralentissement. Le modèle star d’OpenAI, qui a façonné l’imaginaire collectif autour de l’IA générative, voit désormais sa dynamique fléchir.
Et les chiffres parlent d’eux-mêmes : seulement +5 % d’utilisateurs actifs mensuels entre août et novembre 2025, selon TechCrunch — un contraste saisissant avec les bonds à 2 ou 3 chiffres des années précédentes.
À l’inverse, Google Gemini profite du moment : +30 % d’utilisateurs sur la même période. Le marché se resserre, les alternatives se multiplient, et la domination « naturelle » de ChatGPT n’a plus rien d’acquis.
ChatGPT et l’âge de la maturité : 800 millions d’utilisateurs… et des signaux de saturation
Avec environ 800 millions d’utilisateurs hebdomadaires en décembre 2025, ChatGPT demeure un mastodonte. Mais derrière cette masse impressionnante, la dynamique change :
- téléchargement de l’application mobile en baisse ;
- ralentissement marqué aux États-Unis, un marché arrivé à saturation ;
- croissance restreinte dans les nouveaux marchés où coûts de données et barrières linguistiques freinent l’adoption.
En clair : ChatGPT n’est plus une nouveauté, mais un outil parmi d’autres. Et cela change tout.
Ce ralentissement s’ajoute à une équation financière tendue : 4,3 milliards de dollars de revenus au premier semestre 2025, mais 2,5 milliards dépensés en R&D et infrastructures. Il devient de plus en plus coûteux pour OpenAI de maintenir l’avance technologique qui a fait son succès.
La concurrence passe à l’offensive : Gemini, Claude, Llama… et le morcellement du marché
L’écosystème se diversifie, et OpenAI n’a plus le monopole de l’innovation. Google Gemini gagne du terrain à grande vitesse avec des fonctionnalités perçues comme plus modernes, une intégration native dans l’écosystème Google, et une agressivité marketing redoutable.
Du côté des professionnels, la tendance est similaire. Les données d’Index.dev révèlent que 79 % des développeurs utilisent encore ChatGPT, mais une part croissante expérimente Claude, Llama, ou des modèles open source moins coûteux.
Le marché n’appartient plus à un seul acteur : il se fragment en niches spécialisées — et cela, OpenAI ne peut l’ignorer.
Des utilisateurs plus exigeants : frustrations, churn et migration vers d’autres outils
L’année 2025 met en lumière une autre réalité : le public devient plus difficile à satisfaire. Selon les chiffres, il y a un turnover mensuel de 14 % chez les abonnés Plus/Pro. Il y a de multiples plaintes face aux bugs, ralentissements, et des réponses jugées trop « censurées » ou répétitives.
Les réseaux sociaux parlent désormais de « digital refugees », ces utilisateurs migrés vers des alternatives jugées plus flexibles.
OpenAI continue pourtant de traiter 2,5 milliards de messages par jour, preuve que l’usage reste massif — mais plus volatile.
Un trafic solide, mais qui plafonne : le modèle du chatbot montre ses limites
Les données de Exploding Topics confirment une réalité ambivalente : 800 millions d’utilisateurs hebdomadaires, 30 % l’utilisent pour le travail, mais… une saturation visible, avec des DAU en baisse dans certains marchés.
Face à cela, Google Search continue d’écraser tout le monde : 83,8 milliards de visites en août 2025 contre 5,8 milliards pour ChatGPT.
Le discours triomphaliste du « l’IA va remplacer la recherche » s’érode. Les usages se stabilisent, chacun trouvant sa place.
OpenAI sur la ligne de crête : innover ou décrocher
Pour contrer l’essoufflement, OpenAI accélère avec des partenariats stratégiques, des développements autour de l’agentique (IA autonomes capables d’agir, coder, exécuter des tâches complexes), et des projets de GPT-5.x et assistants personnalisés.
Mais la question demeure : est-ce que ces innovations suffiront à relancer la croissance ? Les initiés évoquent une tension interne permanente entre vitesse de sortie des nouveautés, maîtrise des coûts, qualité d’expérience pour éviter le churn.
Dans le même temps, l’entreprise fait face à un cadre réglementaire plus strict (UE, USA), des interrogations sociétales sur la sécurité et l’éthique, et une concurrence qui innove plus vite et plus bruyamment.
Un secteur en mutation : vers la fin du “one model to rule them all”
Le ralentissement de ChatGPT ne signe pas la fin du modèle génératif. Il marque l’entrée dans une phase post-hype où les utilisateurs deviennent sélectifs, les entreprises cherchent des outils adaptés, pas monolithiques, l’open source monte en puissance, tirant les prix vers le bas, et l’innovation se déplace vers l’agentique et les workflows complexes.
L’ère des chatbots généralistes touche peut-être à sa limite. La prochaine bataille : l’IA spécialisée, intégrée, invisible — omniprésente, mais moins spectaculaire.
Et maintenant ? Le vrai défi d’OpenAI : fidéliser
Pour retrouver son élan, OpenAI devra réduire le turnover, améliorer la stabilité, repenser la personnalisation, s’intégrer nativement dans les outils du quotidien, et surtout faire évoluer le modèle économique.
L’objectif interne de 220 millions d’abonnés payants d’ici 2030 reste ambitieux — voire irréaliste si la dynamique actuelle se confirme.
Mais si l’histoire récente de l’IA nous apprend quelque chose, c’est que les positions ne restent jamais figées longtemps.
Le leader d’aujourd’hui peut être rattrapé demain… ou renaître grâce à une avancée décisive.



