Le marché mondial de l’informatique personnelle connaît un rebond spectaculaire. Selon les données du cabinet d’analyse IDC, les livraisons mondiales de PC ont bondi de 9,4 % sur un an au troisième trimestre 2025, atteignant près de 76 millions d’unités.
Une hausse notable pour un secteur longtemps marqué par la crise post-pandémie et les tensions sur les chaînes d’approvisionnement.
Le principal moteur de cette reprise ? La fin programmée du support de Windows 10, prévue pour le 14 octobre 2025, pousse entreprises et particuliers à renouveler massivement leur matériel afin d’assurer la compatibilité avec Windows 11.
Les entreprises en première ligne du renouvellement de PC
Les analystes d’IDC soulignent que la majorité de cette croissance provient des cycles de renouvellement accélérés dans les entreprises, notamment dans les secteurs de l’éducation et de l’administration.
Les départements informatiques se pressent pour éviter toute faille de sécurité une fois les mises à jour gratuites de Windows 10 arrêtées.
Dans des marchés clés comme l’Asie et le Japon, la convergence entre rentrée scolaire et plans de migration a même entraîné des croissances à deux chiffres, selon un rapport relayé par Slashdot et basé sur les données de NERDS.xyz.

Des disparités régionales : l’Amérique du Nord en retrait
Si l’Asie et l’Europe affichent une dynamique solide, l’Amérique du Nord peine à suivre. Les tensions commerciales et les projets de nouveaux droits de douane sur les produits électroniques importés ont créé une incertitude économique.
Résultat : de nombreux acheteurs nord-américains repoussent leurs achats dans l’attente d’une meilleure visibilité sur les prix.
IDC identifie ce facteur comme le principal frein à la croissance globale, les États-Unis et le Canada enregistrant des livraisons inférieures aux tendances mondiales.
Windows 11 : la sécurité comme argument, mais aussi contrainte
La transition forcée vers Windows 11 met également en lumière un problème matériel : de nombreux ordinateurs sous Windows 10 ne remplissent pas les conditions minimales, notamment l’absence de puce TPM 2.0 ou de processeur récent.
Microsoft défend cette exigence comme une mesure de sécurité, insistant sur les bénéfices du chiffrement et de la protection contre les malwares, détaillés sur ses pages de support officielles.
Mais pour des millions d’utilisateurs, cela signifie un remplacement pur et simple du matériel.
Les grands gagnants : Lenovo, HP et Dell

Les fabricants historiques profitent pleinement de cette vague de renouvellement.
- Lenovo affiche une forte croissance, portée par la demande dans les marchés émergents.
- HP et Dell voient leurs ventes d’ordinateurs professionnels bondir, les entreprises cherchant à se mettre en conformité avant la date butoir.
En revanche, les constructeurs plus modestes souffrent davantage : les consommateurs hésitent face au coût des nouveaux PC et se tournent parfois vers les mises à jour de sécurité prolongées proposées par Microsoft — facturées 30 dollars par an pour les particuliers, et davantage pour les entreprises.
Dans une lettre adressée à Satya Nadella le 16 septembre 2025, Consumer Reports a d’ailleurs alerté sur le risque de laisser des millions d’utilisateurs « sur le carreau » avec du matériel incompatible.
L’écosystème technologique en pleine mutation
La transition vers Windows 11 entraîne des effets domino dans tout le secteur. La mise à jour Windows 11 version 25H2, déployée depuis fin septembre, introduit de nouvelles fonctionnalités IA nécessitant un matériel moderne — un argument de plus pour inciter au renouvellement.
Microsoft a d’ailleurs qualifié 2025 d’« année du PC Windows 11 » soulignant son ambition de moderniser la base installée mondiale.
Défis environnementaux et perspectives
Toutefois, cette migration forcée soulève une critique majeure : celle du gaspillage électronique. Des millions de PC fonctionnels sous Windows 10 risquent de finir dans les décharges, faute de compatibilité. Des alternatives existent — comme le passage à Linux ou le paiement d’un support prolongé —, mais elles restent peu accessibles au grand public.
Pour les entreprises, cette transition représente un investissement lourd, mais aussi une opportunité de bâtir une infrastructure plus performante et durable.
Cette combinaison de cycles de renouvellement et de contraintes logicielles redonne un second souffle à un marché que beaucoup jugeaient saturé.



