Dans le domaine en pleine effervescence des interfaces cerveau-machine, Neuralink d’Elon Musk continue de faire parler d’elle. Fondée en 2016, la startup a annoncé que 12 personnes dans le monde sont désormais équipées de son implant, pour un total de 15 000 heures d’utilisation cumulées.
Le premier patient avait été opéré en janvier 2024, et depuis, l’entreprise multiplie les essais cliniques, notamment au Canada depuis août 2025.
Ces patients quadriplégiques peuvent désormais contrôler un curseur d’ordinateur par la pensée, une étape que Musk présente comme la première marche vers une future restauration de la motricité complète grâce à des implants au niveau de la moelle épinière.
Neuralink : Une technologie innovante… mais pas totalement nouvelle
L’implant Neuralink se présente sous la forme d’un disque électronique équipé de fils ultra-fins capables de lire et stimuler l’activité neuronale. Officiellement, la société vise d’abord le traitement de pathologies comme la paralysie, avant de s’attaquer à des usages plus futuristes : augmentation cognitive, contrôle d’objets connectés par la pensée, voire communication télépathique avec l’IA.
Pourtant, de nombreux experts rappellent que Neuralink n’a pas inventé ce concept. Depuis les années 1990, des chercheurs de Caltech ou de Blackrock Neurotech travaillent sur des implants similaires.
Certains dispositifs concurrents ont déjà permis de restaurer partiellement la vision ou le toucher chez des patients paralysés, avec une approche plus scientifique que commerciale.
Les dilemmes éthiques au cœur du débat
Au-delà de la prouesse technique, Neuralink soulève des questions de société :
- Que devient la vie privée si nos pensées peuvent être traduites en données ?
- Quels sont les risques neurologiques à long terme liés à l’implantation d’électrodes ?
- Comment garantir un consentement éclairé dans des essais aussi expérimentaux ?
Certains spécialistes craignent un scénario dystopique où nos esprits seraient accessibles, tandis que d’autres mettent en avant les bénéfices potentiels pour des millions de patients atteints de maladies neurologiques.
Un secteur en pleine course mondiale
Neuralink n’est pas seule. Des concurrents comme Synchron privilégient des méthodes moins invasives, via des implants insérés par les vaisseaux sanguins, et séduisent déjà les autorités de santé. La Chine, l’Europe et les États-Unis financent également leurs propres programmes de recherche, chacun espérant prendre une longueur d’avance dans cette technologie aux applications gigantesques.
Avec son style médiatique et ses annonces spectaculaires, Musk a réussi à placer Neuralink au centre de l’attention. Mais selon certains chercheurs, le véritable progrès viendra de la coopération entre laboratoires, startups et institutions publiques, plus que d’un seul acteur privé.
Neuralink prévoit d’implanter des centaines de patients dans les prochaines années, avec des essais déjà prévus en Grande-Bretagne. Musk évoque aussi des synergies possibles avec ses autres sociétés, notamment Tesla, dont les puces IA pourraient renforcer les implants.
Mais comme le rappelle un rapport du Quartz, la prudence reste de mise : l’enthousiasme ne doit pas masquer les défis scientifiques, médicaux et éthiques. L’histoire des implants cérébraux ne fait que commencer, et leur avenir dépendra autant de la rigueur que de l’audace.



