Dans un contexte où la demande énergétique des géants de la tech explose, Meta vient de conclure un accord inédit avec Constellation Energy pour soutenir l’exploitation de la centrale nucléaire jusqu’en 2047.
Cette initiative s’inscrit dans une stratégie plus large de réduction de l’empreinte carbone de Meta, tout en sécurisant l’approvisionnement énergétique nécessaire à l’essor de l’intelligence artificielle.
Une centrale vouée à disparaître… relancée par l’IA
La centrale nucléaire Clinton, située dans l’Illinois, aurait dû fermer ses portes en 2017 après des années de pertes financières. Grâce à un programme de crédits d’énergie propre mis en place par l’État, elle a pu rester en activité jusqu’en 2027. Mais au-delà de cette date, son avenir était incertain.
C’est là qu’intervient Meta. Le géant américain a signé un accord d’achat d’énergie avec Constellation, sans en révéler les montants exacts, mais qualifié de « pluri-milliardaire » selon plusieurs sources. Le contrat assure une stabilité financière suffisante pour que la centrale poursuive ses activités pendant encore deux décennies, sans faire appel aux contribuables.
Un accord stratégique pour l’empreinte carbone de Meta
Concrètement, Meta ne va pas utiliser directement l’électricité de la centrale Clinton pour alimenter ses data centers. L’électricité continuera à être injectée sur le réseau local. En revanche, Meta achètera l’ensemble des « attributs d’énergie propre » produits par la centrale, c’est-à-dire les certificats environnementaux prouvant que l’énergie est d’origine non carbonée.
Cette méthode, bien qu’indirecte, permet à l’entreprise de réduire artificiellement son empreinte carbone, dans une logique de « compensation carbone ». Ce type de stratégie est courant dans les secteurs où les besoins en énergie sont immenses, comme les centres de données.
Meta a pour objectif d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2030. Mais, selon son dernier rapport développement durable, ses émissions ont augmenté depuis 2019, notamment à cause de la montée en puissance de ses activités dans l’intelligence artificielle.
Une modernisation de la centrale Clinton
Grâce à l’investissement de Meta, la centrale Clinton va pouvoir augmenter sa capacité de production de 30 mégawatts, pour atteindre un total de 1 121 MW. C’est l’équivalent de l’alimentation électrique pour près de 800 000 foyers américains. À titre de comparaison, le tout premier parc éolien offshore des États-Unis offre une capacité de 30 MW, soit 27 fois moins.
Cette relance de la centrale permet également de sauvegarder 1 100 emplois locaux, ce qui en fait aussi un projet à fort impact socio-économique pour la région.
Big Tech et nucléaire : une idylle stratégique
Meta n’est pas seul dans cette course au nucléaire. Google, Amazon et Microsoft ont également investi dans des technologies nucléaires de nouvelle génération. Microsoft, par exemple, a signé en 2023 un accord similaire avec Constellation pour relancer un réacteur à Three Mile Island — tristement célèbre pour avoir été le site du plus grave accident nucléaire aux États-Unis.
La résurgence du nucléaire s’explique par la pression énergétique grandissante liée à l’IA générative. Les data centers modernes, dopés par les modèles d’IA comme ceux de Meta, nécessitent des quantités astronomiques d’énergie, difficilement compatibles avec des objectifs climatiques stricts. Le nucléaire offre une solution sans émissions de CO₂, stable et massivement disponible.
Vers des mini-réacteurs nucléaires pour les data centers ?
Meta ne se limite pas à la centrale Clinton. L’entreprise a lancé un appel à projets pour des réacteurs nucléaires de nouvelle génération aux États-Unis, avec une capacité allant de 1 à 4 gigawatts. Plus de 50 projets ont déjà été déposés dans 20 États. L’objectif ? Créer une infrastructure énergétique autonome et décarbonée, capable de soutenir la prochaine génération de services numériques.
Constellation de son côté, a déclaré qu’il envisageait également de développer un petit réacteur avancé sur le site même de Clinton, ouvrant la voie à une hybridation entre ancienne et nouvelle technologie nucléaire.
L’IA redéfinit la carte énergétique des Big Tech
L’accord entre Meta et Constellation marque un tournant dans la relation entre l’industrie technologique et le nucléaire. En pleine crise climatique et énergétique, l’essor de l’intelligence artificielle pousse les géants du numérique à revoir leurs modèles énergétiques — et à miser sur une technologie longtemps jugée obsolète.
Si cette tendance se confirme, le nucléaire pourrait bien devenir la colonne vertébrale énergétique du numérique décarboné de demain.