L’entreprise américaine Sonos, réputée pour ses enceintes sans fil haut de gamme, entame une nouvelle phase stratégique en nommant Tom Conrad au poste de directeur général (CEO).
Une décision effective immédiatement, qui fait suite à une période de turbulences marquée par une refonte d’application ratée, des pertes financières et une perte de confiance des utilisateurs.
Un changement de cap bienvenu après une année difficile
Tom Conrad, qui occupait déjà la fonction de PDG par intérim depuis janvier 2025, succède officiellement à Patrick Spence, parti en pleine tourmente liée à la refonte de l’application mobile de Sonos.
Conrad, membre du conseil d’administration depuis 2017, dispose d’un solide bagage technologique : il a notamment travaillé chez Apple, Pandora Media et Snap Inc., où il s’est forgé une réputation dans le design produit et l’expérience utilisateur.
Sonos précise que sa nomination intervient après un processus de sélection « rigoureux et compétitif », preuve que la direction par intérim de Conrad a convaincu les décideurs de sa capacité à rétablir la stabilité et redonner une vision stratégique à long terme.
L’échec de l’application qui a tout précipité
En mai 2024, Sonos lançait une nouvelle version de son application mobile, censée moderniser l’expérience utilisateur. Résultat : une avalanche de bugs, des fonctions supprimées, des problèmes de compatibilité avec des enceintes existantes, et une communauté d’utilisateurs en colère. Un fiasco qui a contraint Patrick Spence à présenter des excuses publiques, évoquant une mise à jour qui avait « laissé tomber beaucoup trop de clients ».
La mauvaise gestion du déploiement a eu des répercussions financières directes. Dès juin 2024, l’entreprise procédait à une vague de licenciements touchant environ 7 % de ses effectifs, soit une centaine de postes supprimés. Le tout dans un contexte de chute des ventes et de concurrence accrue, notamment face aux gammes Echo d’Amazon et Google Nest.
Une stratégie de reconquête orientée produit et logiciel
En prenant les rênes, Tom Conrad hérite d’un défi de taille : réconcilier les utilisateurs avec l’écosystème Sonos, tout en redonnant une direction claire à l’entreprise. Son profil hybride — entre hardware et software — semble parfaitement adapté à cette mission.
Durant sa période d’intérim, il a notamment supervisé la correction de l’application et piloté la sortie des casques Sonos Ace, dévoilés en 2024. Dans une interview accordée à Wired, il déclarait vouloir remettre la fiabilité au cœur des priorités, en écoutant davantage les retours clients.
Une feuille de route ambitieuse dans un secteur ultra-compétitif
Conrad dispose d’une expérience précieuse dans la personnalisation de l’audio et les services numériques, acquise notamment chez Pandora. Cette expertise pourrait servir à développer de nouvelles fonctionnalités logicielles, comme un meilleur multiroom intelligent, des services sur abonnement ou des intégrations poussées avec Apple Music et Spotify.
Avec son passé chez Apple, certains observateurs imaginent déjà une stratégie d’alliances ou d’acquisitions ciblées, visant à enrichir la pile technologique de Sonos avec des briques d’intelligence artificielle, de spatialisation audio ou d’assistants vocaux.
Des marchés à reconquérir, une image à redorer
La nomination a été bien accueillie en Bourse, les actions de Sonos ayant enregistré une hausse modérée, mais restent loin de leur niveau d’avant-crise. Les analystes estiment que la priorité de Conrad sera de reconstruire la confiance client, tout en sécurisant une croissance durable sur un marché dominé par des géants technologiques aux moyens colossaux.
Le défi est double : revenir à l’ADN de Sonos, centré sur la qualité sonore et la simplicité d’usage, tout en innovant intelligemment sans précipitation. Une stratégie plus qualitative que quantitative semble déjà en marche.
Une nouvelle ère pour Sonos ?
Avec Tom Conrad, Sonos semble faire le choix d’une gouvernance plus technique, plus à l’écoute et tournée vers l’expérience utilisateur. L’heure n’est plus aux paris risqués, mais à une reconquête par la fiabilité, la transparence et une innovation maîtrisée.
Alors que l’audio connecté devient un pilier des écosystèmes domotiques, chaque faux pas compte. Conrad devra démontrer que Sonos a retenu les leçons du passé pour s’imposer durablement comme une alternative crédible et haut de gamme face aux écosystèmes d’Amazon, Apple et Google.
La nomination de Tom Conrad n’est pas un simple remplacement. Elle marque une refondation stratégique, avec l’ambition de retrouver l’excellence produit qui a fait la renommée de Sonos. L’entreprise joue une carte audacieuse, mais nécessaire, dans un marché où la fidélité des utilisateurs est aussi fragile que la connexion Bluetooth la plus capricieuse.



