Dans le tumulte des avancées de l’intelligence artificielle, une révolution silencieuse s’opère dans les coulisses du développement logiciel. Fini les interfaces graphiques lisses des éditeurs de code. L’IA bascule désormais vers le terminal, redonnant au bon vieux shell une place centrale dans les workflows des développeurs.
Cette tendance, portée par l’essor des IA agentiques, pourrait bien redéfinir le futur du développement.
Jusqu’ici, des outils comme GitHub Copilot s’étaient imposés comme compagnons incontournables des IDE modernes. Mais une nouvelle génération d’agents IA — à l’image de Devin, développé par Cognition — va bien plus loin. Ces modèles sont capables de raisonner étape par étape, d’interagir avec le système d’exploitation et même de s’autocorriger, sans l’intervention humaine à chaque étape.
La popularité de Windsurf, récemment rapporté par TechCrunch, illustre cette orientation. Windsurf conçoit des agents IA spécifiquement conçus pour évoluer dans des environnements en ligne de commande, là où l’automatisation est reine.
Le terminal : terrain de jeu idéal pour l’IA ?
Pourquoi ce retour au terminal, alors que tout semblait aller vers l’hyper-visualisation ? Tout simplement parce que le shell est rapide, scriptable, et sans friction. Il colle parfaitement aux forces de l’IA moderne : exécuter des tâches complexes, sans distraction.
Des ingénieurs de Google, OpenAI et autres grands noms partagent déjà sur X leurs expérimentations avec ces assistants codant en CLI. Le phénomène de « vibe coding » prend forme : on dicte une intention (« déploie une API REST avec authentification et logging »), et l’IA s’occupe de tout.
Des promesses, mais aussi des risques
Cependant, cette nouvelle approche ne fait pas l’unanimité. Une étude de METR (cité par TechCrunch) indique que les outils IA n’améliorent pas toujours la productivité, notamment chez les développeurs expérimentés. Pire encore, une enquête relayée par Axios révèle que certains utilisateurs croyaient travailler plus vite… alors qu’ils étaient en réalité 19 % plus lents.
Dans le terminal, les risques sont amplifiés. Une mauvaise commande générée par l’IA peut supprimer un fichier critique, exposer une faille ou mal configurer un environnement. Plusieurs experts plaident donc pour des terminaux sandboxés, permettant d’isoler les actions IA du système principal.
Vers une démocratisation du développement logiciel
Malgré ces limites, les investisseurs croient fermement au potentiel. La startup Anysphere, à l’origine de Cursor, un terminal boosté à l’IA, serait valorisée à plus de 10 milliards de dollars. Le pari ? Permettre à n’importe qui — développeur ou non — de créer des logiciels simplement via des instructions en langage naturel.
En parallèle, des chercheurs d’OpenAI, DeepMind et Anthropic alertent sur la nécessité de mieux comprendre les « pensées internes » de ces IA, surtout dans un environnement aussi permissif que le terminal. La traçabilité, la sécurité, et l’auditabilité deviennent des enjeux cruciaux.
L’industrie s’adapte rapidement
Les grands acteurs ne restent pas inactifs. Google DeepMind a récemment recruté plusieurs anciens de Windsurf pour accélérer sa stratégie agentique. Des témoignages sur X font état d’agents IA capables de générer du code, le tester, le déployer et le monitorer de bout en bout — tout cela sans IDE.
Cette mutation redéfinit les codes de la productivité. Pour certains, elle représente un retour aux racines du développement, où la ligne de commande était reine — mais, cette fois, enrichie d’une intelligence conversationnelle.
La ligne de commande, nouveau terrain de jeu de l’intelligence artificielle
Le retour du terminal dans les pratiques modernes de développement ne tient pas d’un simple effet de mode. Il s’agit d’un changement de paradigme, où l’autonomie de l’IA permet de se libérer des détails techniques pour se concentrer sur la vision fonctionnelle. Le « vibe coding », à la croisée de l’intuition humaine et de l’exécution machine, incarne cette révolution.
Mais cette liberté nouvelle suppose des garde-fous solides, un encadrement éthique et une transparence totale sur les capacités des modèles. Pour les développeurs, le choix est clair : embrasser ce tournant ou risquer d’être dépassés.



