Lors de la conférence Microsoft Build 2025, l’éditeur de Redmond a franchi une nouvelle étape dans sa stratégie d’intégration profonde de l’intelligence artificielle dans Windows. En plus d’annoncer la plateforme Windows AI Foundry, Microsoft officialise l’implémentation native du protocole MCP (Model Context Protocol) dans Windows.
Objectif : faire du système d’exploitation un terrain de jeu fluide pour les agents IA autonomes, capables d’interagir avec vos apps, fichiers et services — un changement de paradigme radical pour l’OS le plus utilisé au monde.
David Weston, vice-président de la sécurité des systèmes d’exploitation chez Microsoft, écrit : « Windows 11 permettra aux développeurs de créer des applications intelligentes qui souhaitent utiliser MCP et les fonctionnalités de l’IA générative pour créer des applications centrées sur l’IA générative et l’intelligence artificielle, capables d’exploiter MCP lorsque cela est nécessaire pour agir au nom de l’utilisateur ».
MCP, le « USB-C » de l’IA selon Microsoft
Le protocole MCP, introduit par Anthropic en 2023, est souvent comparé à l’USB-C… mais pour les modèles d’IA. Il s’agit d’un standard open source conçu pour permettre aux agents IA de communiquer facilement avec des applications, services Web ou systèmes d’exploitation comme Windows.
En l’adoptant nativement, Microsoft veut transformer Windows en une plateforme agentique, dans laquelle les IA ne sont plus de simples assistants conversationnels mais des acteurs actifs capables d’agir à votre place.
« Nous voulons faire évoluer Windows vers un modèle où les agents IA font partie intégrante de l’expérience utilisateur et de la manière d’interagir avec ses applications », explique Pavan Davuluri, chef de produit Windows chez Microsoft.
Une intégration profonde dans l’écosystème Windows
Avec cette intégration, les développeurs pourront exposer des fonctionnalités système via des serveurs MCP accessibles aux agents IA. Microsoft prévoit la création d’un registre MCP sécurisé dans Windows, dans lequel les agents pourront détecter automatiquement les serveurs disponibles — comme l’accès au système de fichiers, à l’interface graphique ou au Windows Subsystem for Linux (WSL).
Un exemple concret présenté lors de Build : un agent IA comme Perplexity peut désormais interroger directement le système de fichiers pour retrouver automatiquement des documents liés à vos vacances, sans que vous ayez besoin de naviguer manuellement dans vos dossiers.
Des enjeux de sécurité bien identifiés
Si Microsoft ouvre grand la porte aux agents IA, il n’ignore pas pour autant les risques de sécurité. Le vice-président sécurité de Windows, David Weston, précise que Microsoft considère les LLM (Large Language Model) comme « non fiables par défaut », et mettra en place des systèmes de permissions similaires à ceux du Web (ex : demande d’accès à la localisation).
« Nous voulons offrir un contrôle utilisateur total. Comme pour les permissions de localisation sur le web, chaque accès aux fonctionnalités via MCP devra être explicitement autorisé », ajoute Weston.
Des mécanismes de validation seront requis pour qu’un serveur MCP figure dans le registre officiel de Microsoft, avec des garanties contre des attaques comme l’empoisonnement d’outils, les fuites de tokens ou les attaques par injection de prompts.
Windows AI Foundry: une plateforme IA native
En parallèle, Microsoft a présenté Windows AI Foundry, sa nouvelle plateforme intégrée pour les modèles d’IA sur Windows. Elle combine :
- Foundry Local: modèles d’IA intégrés localement aux Copilot+ PC ;
- Des bibliothèques tierces comme Ollama, Nvidia NIMs ou AMD ROCm ;
- Windows ML, qui simplifie l’intégration de modèles personnalisés sans avoir à embarquer de runtime ou de pilote.
Cette fondation technologique permet aux développeurs de déployer facilement leurs modèles IA sur Windows, que ce soit en local ou via des PC compatibles NPU.
Un avenir piloté par des agents IA
L’ensemble de ces initiatives dessine une vision ambitieuse de l’avenir de Windows : un système d’exploitation qui ne se contente plus de réagir aux clics et touches, mais qui collabore activement avec les utilisateurs à travers des agents IA puissants et personnalisés.
L’interface dédiée aux paramètres Copilot IA sur les futurs Copilot+ PC permettra d’effectuer des réglages système simplement en langage naturel — « Réduis la luminosité de l’écran » ou « Vide le cache de mon navigateur », par exemple.
Windows s’émancipe, les agents IA arrivent
Ce virage vers un OS piloté par des agents intelligents, interconnectés via MCP, annonce une nouvelle ère pour Microsoft. En multipliant les partenariats avec des fournisseurs de modèles (xAI avec Grok, OpenAI, Anthropic, Mistral…), l’entreprise cherche à faire de Windows la plateforme incontournable pour les IA du futur.
L’avenir est clair : Microsoft ne veut pas seulement intégrer l’IA dans Windows. Elle veut que Windows devienne un OS taillé pour les agents IA autonomes. Et le chantier vient à peine de commencer.