Google avance ses pions dans la course aux agents IA autonomes. Ce jeudi, le géant de Mountain View a dévoilé une version entièrement repensée de Gemini Deep Research, désormais propulsée par son modèle le plus ambitieux à ce jour : Gemini 3 Pro.
L’objectif ne se limite plus à produire de longs rapports de recherche. Google veut faire de Deep Research un moteur universel d’analyse, intégrable directement dans des applications tierces — un changement stratégique qui anticipe un futur où les humains ne « googlent » plus, mais confient leurs questions à des agents intelligents capables d’explorer, raisonner et décider à leur place.
Gemini Deep Research : De l’outil de recherche au moteur agentique
Jusqu’ici, Gemini Deep Research était surtout perçu comme un outil avancé de synthèse documentaire. Capable d’ingérer d’énormes volumes d’informations, il s’est déjà imposé dans des usages exigeants :
- due diligence financière,
- recherche pharmaceutique,
- analyse de toxicité médicamenteuse,
- veille réglementaire ou scientifique.
La nouveauté majeure réside ailleurs : les développeurs peuvent désormais intégrer directement ces capacités dans leurs propres produits grâce à la toute nouvelle Interactions API.
Cette API marque une étape clé dans la vision « agent-first » de Google. Elle permet de contrôler finement la manière dont un agent interagit avec les données, pose des sous-questions, planifie des étapes de recherche, et synthétise des résultats intermédiaires.
En clair, Google ne vend plus seulement un chatbot intelligent, mais un cerveau de recherche modulaire, prêt à être embarqué dans des applications métier.
Gemini 3 Pro : la promesse d’une IA plus factuelle, moins hallucinée
Au cœur de cette refonte se trouve Gemini 3 Pro, que Google présente comme son modèle le plus factuel à ce jour. Une affirmation stratégique, tant le problème des hallucinations reste le talon d’Achille des agents autonomes.
Dans les tâches de raisonnement long — celles qui s’étendent sur des dizaines de minutes, voire des heures — une seule décision erronée peut invalider l’ensemble du travail. Plus un agent prend de décisions seul, plus le risque s’accumule.
Google affirme avoir entraîné Gemini 3 Pro pour minimiser ces erreurs cumulatives, un prérequis indispensable pour des agents capables de mener des enquêtes complexes sans supervision humaine constante.
Une intégration progressive dans l’écosystème Google
Sans surprise, Google ne compte pas garder Deep Research cantonné à un produit isolé. L’entreprise a confirmé que l’agent sera progressivement intégré à Google Search,Google Finance, l’application Gemini, et NotebookLM, son outil phare pour la prise de notes et l’analyse de documents.
C’est un signal clair : Google prépare un monde où la recherche traditionnelle devient une infrastructure invisible, orchestrée par des agents qui anticipent, croisent et interprètent l’information avant même que l’utilisateur ne formule une requête précise.
Des benchmarks… encore des benchmarks

Pour appuyer ses annonces, Google a — sans surprise — introduit un nouveau benchmark maison : DeepSearchQA. Celui-ci vise à évaluer la capacité des agents à résoudre des tâches complexes de recherche multi-étapes. Google a choisi de l’open sourcer, un geste apprécié mais désormais attendu dans l’industrie.
Le modèle a également été testé sur Humanity’s Last Exam, un benchmark indépendant réputé pour ses questions ultra-niches, et BrowserComp, qui mesure les performances des agents dans des environnements web réels.
Résultat : Gemini Deep Research domine sur son propre benchmark et sur Humanity’s Last Exam, mais GPT-5 Pro d’OpenAI se classe juste derrière — et dépasse même Google sur BrowserComp.

Un duel serré, qui illustre à quel point les frontières de performance sont désormais fines entre les leaders du secteur.
Une annonce… déjà dépassée ?
Ironie du calendrier : ces comparaisons sont devenues presque obsolètes instantanément. Le même jour, OpenAI a levé le voile sur GPT-5.2, surnommé Garlic, que l’entreprise présente comme supérieur à tous ses concurrents — Google compris — sur une large batterie de benchmarks.
Le timing n’a échappé à personne. Alors que le monde tech retenait son souffle en attendant Garlic, Google a choisi de marquer le terrain avec sa propre annonce agentique.
Un rappel subtil, mais nécessaire : la guerre des modèles ne se joue plus uniquement sur les scores bruts, mais sur l’intégration, la fiabilité et la capacité à devenir une infrastructure invisible du quotidien.
Vers un futur sans moteur de recherche ?
Derrière cette mise à jour de Gemini Deep Research se cache une ambition bien plus vaste. Google prépare activement une transition où le moteur de recherche classique cesse d’être l’interface principale.
À sa place, des agents spécialisés capables de dialoguer entre eux, de fouiller le Web, des bases privées et des documents internes, et de livrer non pas des liens… mais des décisions exploitables.
Gemini Deep Research n’est pas seulement un outil de plus. C’est une brique fondatrice de ce futur post-recherche — un futur où l’on ne demande plus quoi chercher, mais quoi faire.


