Dans un secteur de l’intelligence artificielle où les salaires se chiffrent en millions et les talents sont arrachés à prix d’or, le refus de Mira Murati d’un chèque de 1 milliard de dollars de la part de Meta résonne comme un véritable coup de tonnerre.
L’ex-directrice technique d’OpenAI préfère miser sur l’indépendance, la transparence et l’éthique, à travers son propre laboratoire baptisé Thinking Machines Lab.
Ce geste fort intervient dans un contexte où les GAFAM multiplient les acquisitions et les offres astronomiques pour dominer l’intelligence artificielle générative. Murati, quant à elle, choisit une voie plus exigeante, mais plus vertueuse : faire de l’IA un bien public, et non un simple produit commercial.
Mira Murati : De Tesla à OpenAI, le parcours d’une pionnière de l’IA
Née en Albanie, diplômée en ingénierie mécanique à Dartmouth College, Mira Murati a fait ses armes chez Tesla (où elle a contribué au Model X) puis chez Leap Motion avant de rejoindre OpenAI en 2018. Elle y a dirigé les équipes derrière ChatGPT et DALL·E, et a brièvement assuré l’intérim à la tête de l’entreprise lors de la crise de gouvernance de 2023.
En septembre 2024, elle quitte OpenAI dans un contexte tendu, marqué par le départ de plusieurs cadres de haut niveau. Quelques mois plus tard, elle fonde Thinking Machines Lab, une Public Benefit Corporation, dont la mission est claire : créer une IA compréhensible, personnalisable, éthique et transparente.
Un milliard de dollars refusé : le pari de l’indépendance
Selon le Times of India, Mark Zuckerberg aurait personnellement tenté de racheter Thinking Machines Lab, proposant une offre d’un milliard de dollars incluant actions, intégration complète et promesse de ressources pour alimenter les ambitions de Meta en matière de superintelligence artificielle.
Mais Murati et ses 30 collaborateurs, issus d’OpenAI, Meta, Mistral ou encore Google DeepMind, ont unanimement refusé l’offre. La raison ? Préserver leur vision, leur autonomie… et leur éthique.
Comme l’a souligné un analyste sur X : « Ce n’est pas juste un refus d’argent. C’est une déclaration de guerre à une certaine idée de l’IA, où la vitesse prime sur la sécurité ».
Thinking Machines Lab: une autre vision de l’IA
Désormais valorisé à 9 milliards de dollars, le laboratoire de Murati rassemble une équipe de haut niveau, dont John Schulman (cofondateur d’OpenAI), Alec Radford (architecte de GPT) et Bob McGrew (ancien de Meta AI). Leur objectif : décentraliser l’intelligence artificielle, et proposer des outils puissants, mais accessibles et compréhensibles.
Contrairement à OpenAI ou Meta, Thinking Machines Lab mise sur la transparence, l’interprétabilité des modèles, et un cadre éthique strict. Ils veulent créer une IA « par et pour l’humain », en rupture avec les modèles fermés, opaques et pilotés par les intérêts boursiers.
Une guerre des talents qui s’intensifie
Le refus de Murati s’inscrit dans une lutte féroce pour les talents de l’IA, où les géants de la tech rivalisent pour recruter les meilleurs chercheurs. Meta, Google DeepMind, Anthropic, Microsoft… tous investissent massivement, souvent au détriment des garde-fous éthiques.
Mais, la tendance semble évoluer. De plus en plus d’ingénieurs préfèrent rejoindre des structures indépendantes, à taille humaine, avec une vraie mission de sens. Le choix de Murati pourrait marquer un tournant culturel dans l’industrie.
L’éthique, nouvelle force motrice de l’IA ?
En refusant une somme vertigineuse pour rester fidèle à sa vision, Mira Murati ne se contente pas de bâtir une entreprise. Elle propose un modèle alternatif, centré sur l’impact social, la responsabilité et l’indépendance scientifique. Et dans un écosystème où la précipitation et la recherche du profit immédiat dominent, cela pourrait bien faire toute la différence.
Thinking Machines Lab n’est peut-être qu’à ses débuts, mais son influence est déjà tangible. Et s’il fallait une preuve que la prochaine révolution de l’IA ne se fera pas qu’à coups de milliards, Murati vient de l’apporter.



