Après des années de retard et d’hésitations, l’Europe semble enfin franchir une étape crédible dans le domaine des lanceurs réutilisables.
Cette semaine, ArianeGroup a annoncé l’intégration du prototype Themis sur son pas de tir en Suède. Si tout se déroule comme prévu, les premiers tests de vols paraboliques – des « sauts de puce » à basse altitude – pourraient avoir lieu d’ici la fin de l’année ou début 2026.
Une étape clé pour l’ESA et ArianeGroup
Le prototype Themis doit permettre de valider les technologies essentielles pour le retour et l’atterrissage vertical d’un premier étage de fusée, à l’image de ce que fait déjà SpaceX depuis près de 10 ans. ArianeGroup parle désormais de « tests combinés », avec essais mécaniques, électriques et cryogéniques pour s’assurer de l’intégration entre la fusée et son pas de tir.
L’Europe a mis du temps à réagir face à la révolution amorcée par SpaceX dès 2012 avec son programme Grasshopper.
- Prometheus (2017) : un moteur méthane-oxygène réutilisable, testé avec succès cette année.
- Callisto (2017) : un démonstrateur franco-germano-japonais de décollage/atterrissage vertical, repoussé au mieux à 2027.
- Themis (2019) : un prototype plus ambitieux, directement pensé comme précurseur d’un successeur réutilisable à Ariane 6.
Aujourd’hui, c’est Themis qui est le plus avancé, avec son moteur Prometheus et ses jambes d’atterrissage.
Un retard considérable face à SpaceX
Au départ, Themis devait réaliser ses premiers sauts d’essai en 2022. Le programme accuse donc au moins trois ans de retard. Pendant ce temps, SpaceX a lancé Grasshopper dès 2012, réussi le premier atterrissage orbital en 2015, et réutilisé un premier étage dès 2017.
Aujourd’hui, outre SpaceX, des concurrents comme Blue Origin, Rocket Lab, Stoke Space ou plusieurs startups chinoises prévoient déjà leurs propres fusées réutilisables.
Et après ?
Le prototype actuel, Themis T1H, ne fera que de courts vols à une centaine de mètres. Une version ultérieure, Themis T1E, testera des altitudes plus importantes. Les technologies validées nourriront aussi le projet MaiaSpace, une filiale d’ArianeGroup qui développe un petit lanceur réutilisable capable de mettre 500 kg en orbite basse.
L’objectif ultime reste clair : doter l’Europe d’une nouvelle génération de fusées réutilisables, capables de prendre la relève de l’actuelle Ariane 6.



