Alors que l’industrie technologique est déjà sous tension à cause des conflits commerciaux et des limitations géopolitiques, une nouvelle affaire de vol de propriété intellectuelle secoue le secteur des semi-conducteurs en Chine. Cette fois, c’est Huawei qui est au cœur du scandale.
D’après un rapport du South China Morning Post (SCMP), 14 anciens employés de Huawei ont été condamnés à des peines de prison après avoir été reconnus coupables d’avoir volé des secrets industriels liés à la conception de puces électroniques.
Une affaire qui met en lumière les risques liés à la fuite de talents dans le domaine ultra-concurrentiel des semi-conducteurs.
Le cœur de l’affaire : les secrets de HiSilicon
Les faits remontent à plusieurs années. Les employés concernés travaillaient au sein de HiSilicon, la division semi-conducteurs de Huawei, connue pour concevoir des puces comme les Kirin, longtemps utilisées dans les smartphones de la marque.
En 2019, Zhang Kun, l’un des ingénieurs de HiSilicon, quitte l’entreprise pour fonder sa propre start-up, Zunpai Communication Technology. Officiellement dédiée au développement de puces de communication WiFi, cette société aurait été créée à partir de plans volés à Huawei, selon le tribunal de Shanghai.
Zhang n’a pas agi seul. Il aurait recruté plusieurs de ses anciens collègues de HiSilicon, formant ainsi une équipe capable de reproduire des technologies critiques.
Des peines de prison fermes pour les coupables
Le tribunal intermédiaire n°3 de Shanghai a rendu son verdict : les 14 anciens salariés de Huawei sont reconnus coupables de vol de secrets commerciaux, passible de lourdes sanctions en Chine. Les peines de prison peuvent aller jusqu’à 6 ans, assorties d’amendes financières importantes.
Le jugement complet n’a pas encore été publié, et il est donc difficile de savoir si les condamnés ont l’intention de faire appel. Huawei, de son côté, n’a pas encore commenté l’affaire publiquement.
Un préjudice estimé à 95 millions de yuans par Huawei
Avant même que les sanctions pénales ne tombent, Huawei avait déjà saisi la Cour de la propriété intellectuelle de Shanghai pour geler les avoirs de Zunpai, estimés à 95 millions de yuans (environ 12 millions d’euros). Une action préventive visant à limiter les conséquences économiques du vol de propriété intellectuelle.
Cette affaire illustre bien la fragilité des frontières entre recherche privée et initiatives concurrentes dans le monde des semi-conducteurs, où le simple transfert d’un employé peut entraîner des fuites majeures d’innovations stratégiques.
Avec cette affaire, la justice chinoise envoie un message clair aux entreprises et aux anciens collaborateurs tentés de partir avec des technologies confidentielles. Le vol de secrets industriels n’est plus toléré, surtout dans un contexte où la Chine cherche à protéger ses géants technologiques face aux pressions internationales.
Dans une industrie où la course à l’innovation repose sur des années de R&D, cette décision marque un tournant dans la protection des actifs technologiques nationaux.
