Déjà l’un des acteurs les plus puissants de l’intelligence artificielle, OpenAI, s’apprête à entrer sur un nouveau terrain : la navigation Web. L’entreprise, à l’origine de ChatGPT, prévoit de lancer prochainement son propre navigateur internet, conçu pour rivaliser avec les géants du secteur, comme Google Chrome ou Microsoft Edge.
Mais plus qu’une simple alternative, OpenAI ambitionne de réinventer la manière dont nous recherchons et consultons des informations en ligne.
Un navigateur centré sur l’IA : une nouvelle expérience utilisateur
Selon une enquête de Reuters, ce nouveau navigateur reposera entièrement sur l’intelligence artificielle. L’objectif ? Offrir aux utilisateurs des réponses directement dans une interface de type chat, sans avoir à cliquer sur plusieurs sites pour rassembler des informations. Un simple dialogue suffira à obtenir résumés, tableaux, listes ou suggestions à partir des résultats de recherche.
Cette approche rappelle celle du mode « Recherche Web » de ChatGPT Plus, qui permet déjà d’interroger le Web via Bing. Toutefois, le navigateur d’OpenAI va plus loin en intégrant cette logique dans une expérience de navigation complète, et non plus seulement dans un outil conversationnel isolé.
Chrome en ligne de mire : un pari risqué, mais stratégique
Google Chrome domine aujourd’hui largement le marché avec plus de 60 % de parts de marché. Grâce à une interface fluide, une vitesse redoutable et surtout l’intégration étroite à l’écosystème Google, la plupart des internautes ont peu de raisons de changer de navigateur.
Mais OpenAI compte jouer une autre carte : celle de l’assistance intelligente. Plutôt que de proposer un navigateur classique, l’entreprise mise sur une recherche proactive, synthétique et contextuelle. L’utilisateur n’a plus besoin de naviguer entre dix onglets pour comprendre un sujet, l’IA le fait pour lui.
Vers un Web sans clic ? Une menace pour les éditeurs
Ce nouveau paradigme soulève néanmoins une question cruciale pour l’écosystème numérique : que deviendront les sites Web si les internautes n’ont plus besoin d’y accéder directement ? En effet, à l’instar de Google Search Generative Experience (SGE), les réponses générées par l’IA prennent le pas sur les clics traditionnels.
De nombreux éditeurs Web s’inquiètent déjà de cette évolution, craignant une baisse de trafic et de revenus publicitaires. Certains pourraient même bloquer l’accès à ce futur navigateur, comme ils l’ont déjà fait avec les robots d’indexation d’OpenAI. L’adoption massive de ce nouveau navigateur pourrait ainsi provoquer une réaction en chaîne dans le monde des médias et des créateurs de contenu.
Une concurrence féroce avec Gemini et Microsoft Edge
OpenAI ne sera évidemment pas seul sur ce terrain. Google améliore continuellement son propre assistant Gemini, intégré dans les recherches et les produits comme Chrome ou Android. Et Microsoft, partenaire historique d’OpenAI, propose déjà Edge avec Copilot intégré, une IA basée sur la technologie de ChatGPT.
Il sera donc difficile pour OpenAI de convaincre les utilisateurs d’abandonner leur navigateur habituel, à moins d’apporter une véritable rupture d’usage.
Une adoption facilitée par la notoriété de ChatGPT
Malgré ces défis, le succès fulgurant de ChatGPT — utilisé par des centaines de millions de personnes à travers le monde — constitue un levier de croissance unique. De nombreux utilisateurs pourraient être tentés de tester ce nouveau navigateur par curiosité ou fidélité à l’outil d’IA qu’ils utilisent déjà quotidiennement.
Avec ce navigateur Web dopé à l’IA, OpenAI ne veut pas seulement proposer une alternative à Chrome ou Safari. L’entreprise cherche à redéfinir le concept même de recherche sur Internet, en mettant fin à l’ère des résultats sous forme de liens bleus.
Si cette ambition soulève des critiques et des craintes légitimes — notamment du côté des créateurs de contenu —, elle reflète aussi une profonde évolution des attentes des internautes, qui privilégient désormais la rapidité, la précision et la personnalisation.
Il reste à voir si ce navigateur saura tenir ses promesses sans sacrifier l’équilibre fragile de l’écosystème web.