Depuis l’intégration du Web en temps réel dans ChatGPT, Microsoft Bing était le moteur de recherche exclusif derrière les requêtes du célèbre chatbot. Mais à mesure que les demandes deviennent plus complexes, des indices récents laissent penser que OpenAI aurait discrètement ajouté Google Search comme solution de secours.
Un choix stratégique qui pourrait bien reconfigurer les équilibres entre géants de la tech.
Des expériences qui révèlent un comportement hybride
C’est dans les coulisses du comportement de ChatGPT que plusieurs experts SEO et chercheurs ont récemment mis le doigt sur une anomalie intrigante. Lors de requêtes conçues pour tester les limites de Bing — notamment sur des pages peu indexées ou des contenus spécifiques — ChatGPT a fourni des réponses comportant des sources alignées avec l’indexation de Google, plutôt que celle de Bing.
Selon Search Engine Journal, certaines requêtes de ChatGPT déclencheraient un « fallback », autrement dit un basculement vers Google lorsque Bing est incapable de répondre. Les experts affirment que cela ne relève pas du hasard, mais bien d’un mécanisme interne visant à assurer la continuité des réponses — et, par conséquent, la fiabilité perçue par les utilisateurs.
Un changement dans le fonctionnement de ChatGPT Search
Depuis juin 2025, OpenAI a déployé plusieurs améliorations majeures dans ChatGPT, comme la recherche d’images, le suivi contextuel amélioré, ou encore un meilleur respect des instructions complexes. L’objectif est clair : rivaliser frontalement avec Google sur le terrain de la recherche intelligente.
Mais, le fait que ChatGPT pourrait appeler Google discrètement en cas de besoin introduit une certaine ironie : OpenAI exploite potentiellement les atouts de son concurrent pour renforcer son propre outil, tout en continuant à collaborer étroitement avec Microsoft via Bing.
Une menace pour Google Search ?
Les conséquences de cette stratégie pourraient être profondes. Selon The Economic Times, Google est récemment passé sous la barre symbolique des 90 % de parts de marché mondiales sur la recherche — une première depuis plus d’une décennie. En parallèle, ChatGPT capterait jusqu’à 20 % des requêtes quotidiennes dans certains segments.

Des utilisateurs sur X notent que de plus en plus de personnes contournent les moteurs classiques au profit de recherches conversationnelles via l’IA. Une mutation des habitudes qui inquiète, malgré les tentatives de Google pour contrer la tendance avec Gemini et l’intégration de la recherche vocale IA.
Comment fonctionne ce basculement vers Google ?
Techniquement, ce fonctionnement repose probablement sur des appels API multiples ou des intégrations indirectes. ChatGPT pourrait tenter une requête via Bing, puis passer automatiquement à Google si aucune réponse pertinente n’est obtenue. Ce type d’architecture est de plus en plus courant dans les plateformes IA multicanales, à l’image de Gemini ou Perplexity.
OpenAI avait déjà présenté en 2024 un ChatGPT Search amélioré, capable de fournir des réponses avec des liens Web à jour. Les dernières évolutions suggèrent une recherche plus résiliente et multibase, particulièrement précieuse pour les développeurs, les chercheurs et les entreprises.
Un débat éthique et concurrentiel en toile de fond
Cette approche hybride soulève toutefois des questions de transparence, de concurrence et de souveraineté des données. Si ChatGPT accède à Google sans en informer explicitement les utilisateurs, peut-on toujours parler de partenariat exclusif avec Bing ? Et qu’en est-il de la confidentialité des requêtes, surtout dans un contexte de surveillance réglementaire accrue (notamment du côté de l’UE et des États-Unis) ?
Certains analystes évoquent déjà de possibles implications antitrust, tandis que des fuites récentes dans les affaires judiciaires de Google illustrent les tensions croissantes autour de l’IA dans la recherche.
Ce que cela signifie pour l’avenir de la recherche Web
En définitive, cette évolution révèle le pragmatisme d’OpenAI, prêt à utiliser les meilleurs outils disponibles — même ceux de ses concurrents — pour garantir des réponses fiables et cohérentes. Si Bing reste le moteur officiel, Google pourrait servir de filet de sécurité, notamment pour les contenus récents, locaux ou spécifiques.
D’après plusieurs experts, ChatGPT pourrait dépasser le milliard de requêtes quotidiennes d’ici fin 2025, ce qui accélérerait encore la redéfinition du marché de la recherche en ligne.
La possible utilisation de Google comme secours discret par ChatGPT montre à quel point les frontières entre concurrents deviennent floues dans l’ère de l’IA. Ce qui semblait inconcevable hier — un chatbot OpenAI tirant parti de Google Search — est aujourd’hui un levier d’efficacité. Une chose est sûre : la guerre de la recherche intelligente ne fait que commencer, et elle sera jouée autant sur les coulisses techniques que sur l’expérience utilisateur.



