Face à la pression croissante des régulateurs et aux nouvelles législations en matière de protection des mineurs, X, anciennement Twitter, déploie des mesures de vérification d’âge renforcées. L’objectif est clair : limiter l’accès des mineurs aux contenus sensibles tout en répondant aux exigences légales de marchés clés comme le Royaume-Uni, l’UE ou encore les États-Unis.
D’après un récent rapport de Social Media Today, la plateforme introduit désormais des scans de selfies alimentés par intelligence artificielle et des vérifications via pièce d’identité.
Une évolution majeure qui soulève autant de questions sur la sécurité des données personnelles que d’éloges pour sa tentative de conformité.
Royaume-Uni, Irlande, Europe : la pression réglementaire s’intensifie
L’un des principaux catalyseurs de ce changement est la mise en œuvre de l’Online Safety Act au Royaume-Uni. La régulation, portée par Ofcom, impose des contrôles d’âge stricts, notamment pour les plateformes diffusant des contenus à caractère sexuel ou sensible. En cas de non-conformité, des amendes allant jusqu’à 500 000 euros peuvent être infligées concernant l’Irlande.
Dans l’Union européenne, des prototypes d’applications de vérification d’âge sont déjà en cours de test, selon Computing. Objectif : définir des standards communs, tout en préservant la vie privée. Toutefois, X adapte ses mécanismes pays par pays, optant parfois pour des approches basées sur l’appareil, comme évoqué dans plusieurs posts sur la plateforme elle-même.
L’intelligence artificielle au cœur du processus
La technologie de reconnaissance faciale utilisée pour estimer l’âge via selfie devient l’élément central de cette nouvelle stratégie. Mais elle n’échappe pas aux critiques. Certains spécialistes dénoncent des risques de biais démographiques ou encore une dépendance excessive à des données biométriques.
Cette tendance à la surveillance numérique croissante a aussi suscité des craintes, notamment en Australie et en Irlande, où des voix s’élèvent contre l’introduction de cartes d’identité numériques gouvernementales comme outils de vérification d’âge.
Une stratégie hybride : entre respect de la vie privée et conformité
X combine désormais plusieurs sources pour estimer l’âge de ses utilisateurs : adresse e-mail, carnet de contacts, reconnaissance IA via selfie et vérification par pièce d’identité. Selon la plateforme, cette approche hybride vise à équilibrer conformité et respect de la vie privée, mais des inquiétudes persistent quant à la centralisation des données personnelles.
Pour tenter de répondre aux critiques, X affirme préférer des solutions localisées sur l’appareil, évitant ainsi de stocker ces données sur ses serveurs. Une stratégie qui pourrait s’intégrer aux futures solutions européennes si les standards interopérables se généralisent.
Vers une norme internationale de vérification d’âge ?
Aux États-Unis aussi, les législateurs s’activent. Mais, des experts rappellent que la mise en œuvre de telles mesures reste controversée, notamment sur leur efficacité réelle à protéger les jeunes publics. D’un point de vue concurrentiel, X pourrait ouvrir la voie à de nouvelles pratiques. D’autres géants, comme Meta (Facebook, Instagram) ou TikTok pourraient emboîter le pas pour éviter sanctions et scandales.
Alors que le débat sur la protection des mineurs s’intensifie, X prend une longueur d’avance, quitte à flirter avec les limites en matière de protection de la vie privée. Ces mesures, attendues pour s’étendre en 2025, pourraient bien redéfinir les normes de sécurité numérique à l’échelle mondiale.
Reste à savoir si les utilisateurs suivront. Dans un monde numérique déjà saturé de surveillance, l’adhésion du grand public dépendra de la transparence de la plateforme, de la clarté des usages et de la garantie de confidentialité.


