Samsung traverse une période de turbulences sans précédent dans sa division System LSI, chargée du développement des puces Exynos et des capteurs ISOCELL. Une succession d’échecs stratégiques et de pertes financières lourdes pousse désormais les dirigeants à envisager une réorganisation radicale. Et selon plusieurs sources internes, trois scénarios sont sur la table, dont un retour aux origines avec Foundry qui semble tenir la corde.
Créée pour porter l’expertise de Samsung dans les semi-conducteurs en conception propre, la division System LSI se trouve aujourd’hui dans une impasse. Le coup le plus dur ? L’échec de l’intégration du processeur Exynos 2500 dans les futurs Galaxy S25. Cette déconvenue a non seulement amputé les revenus de LSI, mais également pénalisé la division Foundry, qui comptait sur la fabrication de ces puces pour remplir ses lignes de production.
Samsung : Trois scénarios de restructuration à l’étude
Face à cette crise interne, la cellule de diagnostic stratégique de Samsung, mise en place en janvier 2025, planche actuellement sur plusieurs pistes. Trois options principales ressortent :
- Fusionner System LSI avec Samsung MX (la division mobile Galaxy). Une option vite écartée, les équipes MX refusant d’intégrer une division déficitaire.
- Réintégrer System LSI dans Foundry, comme avant la scission de 2017.
- Réformer en profondeur System LSI tout en la maintenant indépendante, avec une nouvelle feuille de route.
Selon plusieurs sources internes, le scénario privilégié serait un retour au sein de la division Foundry. Cette décision, si elle se confirme, marquerait un véritable virage stratégique dans l’histoire de Samsung.
Le retour à une intégration verticale ?
Il faut remonter à 2017 pour comprendre l’enjeu. À cette époque, Samsung avait scindé Foundry et LSI afin de rassurer ses clients comme Qualcomm ou Nvidia, inquiets du mélange entre design de puces et production interne chez un concurrent. Cette séparation visait à garantir l’indépendance et la confidentialité des projets en sous-traitance.
Mais aujourd’hui, le contexte a changé. Les deux divisions souffrent financièrement, les processus de gravure sous les 2 nm exigent des synergies plus étroites, et le marché devient trop concurrentiel pour maintenir des silos étanches.
Selon plusieurs analystes, une réintégration permettrait à Samsung de mieux coordonner ses efforts, d’optimiser la R&D, et d’améliorer les délais de mise sur le marché.
Un pari risqué : les clients fabless en alerte
Mais cette fusion potentielle n’est pas sans danger. En réunissant les branches design (LSI) et fabrication (Foundry), Samsung risque de raviver les craintes de fuite de propriété intellectuelle. Les clients fabless — ceux qui conçoivent leurs puces sans les produire — pourraient se tourner vers TSMC ou Intel Foundry si la confiance venait à s’éroder.
Samsung devra donc trouver un équilibre subtil entre intégration stratégique et garantie de confidentialité, tout en rassurant ses partenaires actuels.
Une décision sous haute tension
La pression monte alors que les hauts dirigeants de Samsung sont attendus pour trancher dans les prochaines semaines. Parmi les principaux décideurs figurent Jeon Young-hyun, vice-président en charge de la division Device Solutions (DS), Chung Hyun-ho, bras droit de la direction exécutive et bien sûr, Jay Y. Lee, président exécutif du groupe.
Leur décision pourrait redéfinir l’architecture industrielle de Samsung, et déterminer si l’entreprise pourra tenir tête à TSMC et Intel sur le front des semi-conducteurs.
Avec l’échec du Exynos 2500, les tensions internes, et la compétition croissante dans le domaine des semi-conducteurs, Samsung est à un tournant critique. Réintégrer System LSI dans Foundry pourrait représenter une solution pragmatique, mais risquée. Dans un secteur où l’agilité et la confiance des partenaires sont essentielles, le géant coréen devra faire preuve de transparence, d’innovation et de diplomatie industrielle pour réussir cette transformation.